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« Il y a bien longtemps avant même que les gens n'habitent dans le ciel. Une guerre terrible éclata entre les hommes et une Déesse malfaisante. Après des combats sanglants, nos ancêtres aidés de Dieu scellèrent le pouvoir de cette Calamité. Puis quittèrent la terre souillée et stérile pour construire leur avenir dans le Ciel. »
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{ homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté + hisaki +
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homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté + hisaki +, par Invité ► 28/4/2018, 22:46 ►



Hisaki Taimisi
Nom : Taimisi
Prénom : Hisaki
Âge : 24 ans
Date de naissance : 14/02
Bénédiction : Flocon
Orientation : aimera qui le culte lui dira d'aimer, ou qui aimera le culte.
Région : Falias
Métier : Protecteur de l'ouest

caractère

Il est de ces noms qui vous ôtent le sourire à leur simple mention : celui d'Hisaki en fait indéniablement partie. Pas parce que le nom est laid ou désagréable, mais parce que la personne qui le porte ne fait rien pour se faire apprécier.
Pour peu que vous connaissiez un peu Hisaki, il vous serait facile d'énumérer les multiples défauts dont il est atteint, car le jeune homme ne fait pas beaucoup d'efforts pour les corriger. Il ne faut pas longtemps pour se rendre compte qu'il ne s'agit pas de quelqu'un d'agréable. À moins que vos centres d'intérêt ne rencontrent les siens, auquel cas il se montre très ouvert à la discussion, Hisaki ne s'intéresse pas vraiment à ce que vous dites ou faites. Vous vous rendez très vite compte, si vous discutez avec lui, qu'il ne porte qu'une attention très superficielle à vos paroles : Hisaki en prend acte, il parvient même à les retenir, mais il ne prend jamais la peine de les rendre signifiantes pour lui. Même lorsqu'il doit vous contredire, Hisaki ne répond pas directement à vos arguments : il se contente d'avancer ses propres convictions, avec comme objectif de remplacer votre pensée par la sienne. Dans l'ensemble peu empathique, il ne faut pas croire qu'Hisaki est totalement insensible : la souffrance d'autrui le touche quand même, et il est particulièrement réceptif à toute forme de beauté, pour peu que son origine lui semble un peu divine.
On ne lui connaît pas de passion ou de centre d'intérêt particulier, en dehors de la religion : Hisaki semble considérer ce genre de choses comme particulièrement triviales et donc à laisser de côté. Il a la réputation d'être quelqu'un d'intellectuel, presque rationnel, si on excepte son fanatisme. Hisaki est quelqu'un qui réfléchit beaucoup, et qui ne se laisse pas diriger par ses émotions. Il se montre un peu plus impulsif en présence d'autrui : il n'est pas forcément malpoli ou vulgaire, mais terriblement maladroit et même lorsqu'il fait attention, il est capable de vexer quelqu'un par des réflexions mal venues.
Hisaki n'a jamais vraiment connu l'échec. Plus que tout autre, pourtant, le spectre de la défaite, sombre et menaçant planait sur lui quand il était enfant. Les sœurs comme le culte ont toujours eu une confiance inébranlable en lui, du fait qu'il s'est révélé un croyant précoce et particulièrement fidèle : de fait, s'il avait échoué quelque part, Hisaki aurait probablement connu une descente aux enfers des plus ardues. Mais au lieu de cette ombre, le fantôme de la victoire a décidé de le prendre sous son aile et de récompenser tous les efforts qu'Hisaki a entrepris. Ce qui ne fait pas de sa vie un rêve pour autant : son enfance a été assez dure, il a dû supporter la pression de voir d'autres gens compter sur lui pour réussir, et tout ce qu'Hisaki a obtenu, il a travaillé d'arrache-pied pour l'obtenir. S'il est dans une position privilégiée aujourd'hui, Hisaki pense l'avoir mérité, de par les sacrifices qu'il a dus fournir pour y arriver.
Tout le monde sait qu'Hisaki est un croyant frénétique, et il est probable que ce soit son visage qui vienne en premier en esprit à ceux qui ont eu affaire à lui lorsqu'on parle de fanatisme religieux. Mais la plupart des gens ignorent à quel point il n'a pas été facile, même pour lui, de construire cette conviction inébranlable en son dieu. Il lui a fallu s'interroger des heures durant sur le sens de ce monde, pour comprendre et pas seulement sentir que ce que Niantu a fait est le meilleur des mondes possibles. Il lui a fallu résister à bien des tentations, à la paresse, au pathétique, aussi, car il aurait été tellement plus facile pour Hisaki de prier pour son intérêt personnel plutôt que pour la force de la religion à laquelle il consacre sa vie. Il aurait pu se contenter de ce que les sœurs de l'orphelinat lui ont appris, mais il a toujours cherché à aller plus loin, à justifier tout ce qu'il sait, parce qu'il sait que la meilleure façon d'atteindre quelqu'un qui n'est pas touché par les sentiments est de l'attaquer de façon logique. Et dans ce domaine, Hisaki se montre plutôt efficace, prêt à agresser toutes les faiblesses du raisonnement d'autrui, aidé en cela par la toute-puissance de Niantu qui, il faut bien le reconnaître, fait un argument bien pratique et difficile à contester.
Alors oui, peut-être fait-il office de chanceux, si l'on excepte ses origines. Mais aux yeux d'Hisaki, rien n'est dû au hasard, et si l'on voulait résumer sa pensée, on pourrait le faire en un seul mot : Niantu.
Plus difficiles à pénétrer sont ses pensées personnelles, qu'Hisaki garde systématiquement pour lui. Ses rêves, espoirs et craintes lui sont entièrement personnels : ce n'est pas tant qu'il cherche à les cacher, ou à entretenir du mystère, c'est juste qu'il ne voit pas forcément l'utilité de parler de lui. Il est plus ou moins heureux de sa vie actuelle : il accomplit un métier qui lui plaît, même si deux ou trois contrariétés (féminines) viennent projeter quelques zones d'ombres sur cette vie accomplie. Hisaki aimerait sincèrement qu'Imé soit plus proche de l'image physique qu'il se fait des gardiens, et il aimerait bien que la gouverneure qu'il est censé protéger se calme un peu. Mais ne pouvant obtenir ni l'un ni l'autre, il fait ce qu'il peut avec ce dont il dispose.
La froideur dont Hisaki fait preuve avec sa gardienne étonne parfois. Ils ne partagent pas cette complicité que l'on retrouve souvent entre les autres mages et leurs propres gardiens, Hisaki donne plutôt l'impression de vouloir tenir ses distances avec Imé et de réduire leurs relations à un cadre strictement professionnel, manifestant une certaine appréhension lorsqu'elle est trop proche de lui. On ne peut pourtant douter de la profondeur du respect qu'Hisaki porte à sa gardienne, et qui dépasse probablement tout ce que les autres mages peuvent éprouver. Imé est un objet sacré, l'être né de ces pierres que Niantu lui-même a semé sur cette terre pour que les êtres humains puissent les éveiller. Sa présence lui paraît parfois lourde, mais il est évident que jamais Hisaki pourra la rejeter, car cela reviendrait à délaisser un don de son dieu, ce qui n'est pas envisageable.
Son altérité le dérange parfois, car elle lui impose un être à ses côtés alors qu'il aurait préféré être seul, mais ce n'est pas ce qui le rend si distant d'Imé. Sa gardienne est de ce point de vue plutôt compréhensive, car elle accepte volontiers de lui laisser un peu d'espace lorsqu'elle sent qu'il en a besoin, à moins bien sûr qu'il ne l'ait vexée. Le véritable problème vient de l'apparence d'Imé, qui empêche Hisaki d'apprécier vraiment sa gardienne. Comment voulez-vous vous rapprocher de quelqu'un qui ressemble à deux gouttes d'eau à une personne pour laquelle vous éprouvez un mélange de crainte et de mépris ? Imé a beau lui avancer que son apparence signifie probablement que cette femme a eu plus d'importance dans sa vie qu'il ne veut bien l'admettre, Hisaki refuse cette explication. Il considère que sa gardienne se moque de lui en prenant le visage d'une femme du culte qui lui a laissé quelques mauvais souvenirs. Et qu'elle ignore tout des souvenirs qui remontent en lui lorsqu'il la voit, de ces moments difficiles qu'il a vécus à cause de cette femme en particulier, qui ne lui a jamais fait preuve de gentillesse de toute sa vie.
Pour toutes ces raisons, la confiance qu'Hisaki porte à Imé se limite à ses capacités magiques et au travail pour le culte, mais ne va pas au-delà. Vous trouverez difficilement un mage aussi peu attentif à son gardien ou qui le connaît si peu. Hisaki trouve le caractère d'Imé difficile : selon lui, elle a deux défauts, celui de vous être trop proche de lui, et celui de se vexer trop rapidement. Toute description qu'il fait d'elle est souvent caricaturale, incomplète, et biaisée par les sentiments négatifs qu'il éprouve à cause d'elle. Au contraire, Imé, qui le connaît bien, donne de lui un portrait nuancé, pas toujours flatteur, mais elle arriverait presque à le rendre sympathique, parce qu'elle saisit des subtilités de sa personnalité que les autres ne remarquent. Pour comprendre Hisaki, le mieux encore est d'écouter ce qu'Imé a à en dire.
Imé vous le dira, Hisaki n'est pas aussi sombre que ce qu'il en a l'air. Il concentre simplement tout ce qu'il a de bon au plus profond de lui, là où selon lui il est le plus proche de Niantu. Hisaki n'est pas forcément quelque de particulièrement timide ou introverti de caractère, c'est plutôt la religion qui a fait de lui cet être tourné vers l'intérieur. En revanche, sa discrétion, elle, tient plutôt de la tactique de survie, mise en place au cours de ces longues années à l'orphelinat, et pas uniquement parce qu'il était le centre de l'attention : sa relation très tendue avec la sœur dont Imé porte l'apparence lui a fait comprendre qu'il est dans son intérêt de ne pas trop faire de vague et de rester tranquille. Même à présent que sa position le place dans la lumière, Hisaki fait de son mieux pour conserver sa tranquillité, et pour éviter de trop attirer l'attention sur lui. Fort heureusement, les divisions que le caractère controversé de la gouverneure suscitent sont une diversion idéale qui détournent un peu les regards de lui.
Comme tout le monde, Hisaki est soumis aux angoisses, aux émotions exacerbées et à d'autres difficultés, mais la religion a toujours été là pour lui comme un baume à appliquer sur une blessure pour soulager la douleur plutôt que la guérir. Il affiche dès lors une certitude qu'il est loin d'éprouver. Montrer le moindre signe de faiblesse à quelqu'un d'autre que son dieu le mortifie. Hisaki craint d'être jugé faible, il pense que cela vient des atteintes trop fortes que les autres ont eu de lui, et qui le pousse à donner le meilleur de lui-même. Il s'agit d'une question d'image : Hisaki n'a pas peur d'être vaincu, il sait que si cela devait lui arriver, il accepterait la défaite avec humilité, comme le signe que le vent a tourné pour lui et qu'il a fait preuve de vanité. Mais il s'agit surtout de ne pas montrer aux autres que lui aussi est, par certains côtés, fragiles. Afficher sa plus grande force aux yeux de tous est pour lui le meilleur moyen de détourner les yeux de ses faiblesses - cette sensation d'impuissance qui le tiraille lorsqu'il voit l'immensité de sa tâche et son incapacité à pouvoir l'accomplir comme il le voudrait, ce léger doute, de lui-même, qui ne l'a jamais totalement quitté, cette jalousie incompréhensible de personnes ou de choses qui ne méritent même pas d'être regardées de lui, ces émotions qu'Hisaki ne contrôle ni ne comprend, et qui continuent à apparaître aux moments où il s'y attend le moins.
histoire
acte un. pèlerinage sur la montagne

Il n'était pas le premier sur lequel la porte de l'orphelinat avait claqué, et il n'était pas le dernier non plus : il n'était que l'un de ces enfants sans nom ni famille que le culte de Niantu avait recueilli dans les contrées enneigées de Falias.
Il était à l'origine un anonyme que l'on avait récupéré du ventre encore chaud de sa mère quelques minutes après son décès. Puisqu'on ne pouvait le donner à son père, qui avait disparu, on l'avait remis à l'orphelinat pour lui éviter la peine de mourir. Ses papiers indiquaient la toute première mention de son nom, sans que l'on sût avec certitude qui lui avait donné, mais cela semblait si futile en comparaison de la lourde perte qu'un bébé inconscient devait supporter.
L'orphelinat était perché sur la montagne, et comme souvent les lieux de culte de Niantu, il profitait d'une position isolée pour gérer ses affaires comme il l'entendait. Cette localisation apportait son lot d'inconvénients : difficile à atteindre, on ne savait pas forcément ce qui s'y passait, et il aurait pu s'y produire les pires outrages que personne n'en aurait rien su. Au lieu de cela, quelques sœurs qui s'étaient destinées à s'occuper des enfants des autres plutôt que d'en avoir elles-mêmes, assuraient la relève du culte en formant les corps et les esprits de ceux qui, un jour, devraient vénérer leur dieu de toute leur âme. Tous n'en ressortaient pas en fervents croyants, loin de là, mais cette éducation stricte et religieuse produisait des effets formidables auprès de jeunes esprits malléables pour qui la religion apportait un confortable cadre de pensée. Rien d'étonnant, donc, à ce qu'un garçon aussi fanatique qu'Hisaki soit sorti d'un tel établissement : il n'y a que là que l'imprégnation de la religion se fait dès le plus jeune âge et avec autant d'efficacité.
D'aussi loin que remontent ses souvenirs, l'orphelinat avait toujours été son lieu de vie. Hisaki savait qu'il y était entré particulièrement jeune, car il voyait de temps en temps arriver des garçons et des filles d'âges variés, et il avait compris qu'il n'y avait pas d'âge précis pour y être placé. Mais c'était sans doute pour cela qu'il n'avait jamais pleuré. Les autres venaient pour la première fois dans l'orphelinat avec des yeux rougis, et si ce n'était pas le cas, cela finissait par arriver dès qu'ils comprenaient ce qui s'était passé. Et ils ne pleuraient pas qu'une fois : lorsqu'ils pensaient à leurs parents, lorsqu'ils se sentaient seuls ou malades, ils laissaient souvent leurs larmes s'écouler. Mais Hisaki, lui, n'avait jamais pleuré parce que ses parents lui manquaient. Il avait eu d'autres raisons de se répandre en sanglots, mais jamais celle-ci, pour la simple et bonne raison qu'il ne connaissait pas ses parents et qu'il n'en avait jamais eus. Il ressentait parfois leur manque, en particulier lorsqu'il écoutait les autres évoquer avec nostalgie les souvenirs qu'ils chérissaient, mais l'affection qu'il recevait de certaines sœurs parvenait à le compenser. Il ne s'estimait pas trop malheureux, parce qu'il n'avait pas à affronter de souvenirs heureux et qu'il n'avait jamais été confronté au choc d'apprendre que l'on est subitement seul au monde. C'était dur, pourtant, mais Hisaki pensait que les autres enfants avaient connu pire que lui.
Pour autant, Hisaki ne faisait pas preuve de beaucoup de compassion envers ses camarades. Il n'était certes pas toujours désagréable avec les autres, mais on ne pouvait lui trouver personne qui fasse office d'ami. Il y avait bien quelques enfants qui, de temps à autres, acceptaient sa compagnie, mais ils ne l'appréciaient pas vraiment, car ils trouvaient qu'Hisaki ne s'intéressait pas assez à eux. Le garçon ne parlait pas beaucoup, mais lorsqu'il le faisait, il avait tendance à se montrer honnête, trop franc, et parfois presque méchant - de cette méchanceté naïve dont les enfants font preuve entre eux, crue dans sa vérité mais pas tout à fait consciente des ravages qu'elle peut causer. Il fallait jouer selon ses règles, mais il n'avait pris la peine de révéler à quiconque en quoi elles consistaient. On avait plus ou moins compris que ce qu'Hisaki ne jugeait pas forcément nécessaire de révéler ce qu'il avait dans la tête, car il attachait finalement assez peu d'importance à sa petite personne et à sa personnalité. La plupart du temps, Hisaki paraissait terne, presque effacé, comme si sa personnalité ne s'était pas vraiment développée, ou qu'il s'était replié dans son monde intérieur, mais il fallait le voir entrer en contact avec le monde extérieur pour comprendre que cette attitude était plutôt le reflet d'un désintérêt pour ce monde, ou plutôt une preuve du fait qu'il n'était pas totalement en adéquation avec celui-ci. Il existait en Hisaki une force brutale, dont il ne faisait pas usage par ses poings mais que l'on devinait clairement sous la surface, prête à se réveiller à tout moment. Il n'était pas un ravageur ou un tyran, juste un garçon un peu têtu qui se forgeait peu à peu la volonté de fer dont il aurait besoin pour l'exercice de ses futures fonctions. Il était encore un enfant jouant tranquillement dans son coin, gardant ses jouets avec un soin jaloux, qu'on lui prédisait déjà un fort caractère et la capacité de réussir tout ce qu'il entreprendrait.
Les seules fois où on l'entendait prendre clairement la parole et discourir avec ferveur et véhémence concernait la religion. Hisaki se révélait alors étrangement prolixe sur le sujet, qui de toute évidence le passionnait. Alors, dans ces moments, Hisaki brillait comme une petite étoile dans le ciel, avant de s'éteindre quand le jour de la normalité se levait.
Parce qu'au fond, la religion était tout ce qui comptait chez lui. Il y avait été initié dès sa toute petite enfance : entouré de personnes assurées de l'existence et de la toute-puissance de Niantu, Hisaki n'avait pu faire autrement que de tomber dans la marmite à son tour. C'était d'ailleurs la principale qualité que les sœurs reconnaissaient chez Hisaki : ni son intelligence, ni son assiduité à l'étude, mais la docilité de son esprit. Il absorbait les principes du culte sans jamais songer à les remettre en question, acceptant sans broncher de limiter sa vision du monde à celle que son dieu lui avait imposée. Hisaki trouvait dans la religion un terrain d'exploration tout trouvé où sa curiosité naturelle pouvait s'exprimer. Elle avait de supérieur aux autres sciences qu'en plus de pouvoir répondre à la plupart des questions que le garçon se posait, elle expliquait également pourquoi certaines d'entre elles restaient sans réponse. Car si une question restait sans réponse, c'était évident que Niantu lui-même n'avait pas jugé bon pour les hommes de détenir cette information.
L'éducation qu'Hisaki avait reçue ne pouvait expliquer à elle seule tant de ferveur. Il se trouvait simplement que le système qu'on lui avait imposé depuis toujours répondait à certaines de ses préoccupations personnelles. Ainsi, le poids de la vérité s'était abattu sur lui comme une massue dès le plus jeune âge, lorsqu'il avait compris que sa situation d'orphelin, loin d'être universelle, était une exception, et il avait ressenti une douleur acide à l'idée de s'être aussi lourdement trompé. Hisaki avait jusque là considéré comme un fait accompli qu'un enfant se devait de perdre ses parents plus ou moins tôt dans la croissance, avant d'entamer le difficile chemin vers l'âge adulte. Mais cette vérité qu'il a découvert par hasard, qui lui était nécessaire car il avait besoin de comprendre ce qu'il en était vraiment, avait remis en cause tout un pan de son monde et l'avait obligé à reconsidérer la question.
Là, vous voyez que toute vérité n'est pas agréable à entendre, et vous comprenez mieux pourquoi Niantu vous a épargné la souffrance d'avoir à supporter des vérités que vous n'êtes pas préparés à entendre.
Car il était évident que Niantu était partout, et non pas seulement derrière chaque pièce de mobilier de l'orphelinat ou dans chaque prière, mais dans les fondements de ce monde. Mais chez Hisaki, cette présence acquérait une densité particulière. Il était là dans l'air qu'il respirait, il était là dans la nourriture qu'il ingérait, il était là à chaque moment de sa journée, mais jamais aussi présent que dans ses pensées, qu'il gouvernait en maître, alors qu'ils ne s'étaient jamais rencontrés. Les yeux étaient inutiles pour le voir, les oreilles ne parvenaient pas à l'entendre, ou les mains à le toucher, et pourtant, la sensation de son existence ne cessait de l'obséder. Il croyait en sa capacité de la saisir entièrement un jour, mais sentait que ce moment n'était pas encore venu. Car il fallait que quelqu'un accompagne Hisaki dans ce long chemin vers son dieu. Et il se trouvait justement à l'endroit idéal pour cultiver sa foi.
L'école était, pour les enfants qui en bénéficiaient, le lieu premier de l'éducation ; mais lorsque vous habitiez dans un orphelinat religieux, il n'existait ni heure ni lieu pour vous apprendre à vénérer comme il se doit votre dieu. Tout moment était l'occasion idéal pour une leçon, et toute leçon qui n'avait pas été correctement apprise était répétée jusqu'à atteindre une violence qui n'était pas toujours justifié.
Il fallait prier le matin, le midi, le soir, et à toute occasion qui se présentait - nul doute que si on avait pu passer ses journées à prier, on ne s'en serait pas privés. Hisaki comprenait déjà l'attraction que la prière représentait. Ceux qui ne croient pas n'ont jamais expérimenté cet état de sérénité lorsque vous faites le vide dans votre tête et que vos pensées maladroites s'envolent vers Niantu - vous lui envoyez tous vos rêves et espoirs, et vos craintes et faiblesses, et vous obtenez en retour une douce chaleur qui vous enveloppe tout entier et vous signifie que Niantu est avec vous. Votre esprit s'apaise, vous vous sentez fort, vous vous sentez entier, vous comprenez que votre destin a déjà été plus ou moins tracé, et que si vous l'empruntez, rien ne pourra vous arriver - et vous donnerez votre vie à Niantu s'il vous le demandait. Hisaki n'eut jamais de révélation : c'est en pratiquant la prière avec assiduité qu'il finit par comprendre que Niantu existait pour de bon. Il n'aurait su l'exprimer par des mots, car il comprenait que Niantu existait au delà de la parole, qu'il était là pour offrir et non pour guider, et que c'était le travail de chacun que de se mettre en route vers sa divinité. Profiter de la vie offerte par Niantu n'était que la première étape, la plus simple, la plus accessible : Hisaki sentait, tout enfant, qu'il allait falloir consentir à de nombreux sacrifices pour accéder à une félicité supérieure. Mais il était encore jeune, et l'immensité de la tâche l'effrayait parfois.
C'était à cela que servaient les sœurs : à leur enseigner la rigueur nécessaire pour y arriver, et même si Hisaki ne les aime pas beaucoup, il ne peut que leur reconnaître leur efficacité. Elles auraient pu leur offrir une vie facile et faire d'eux des enfants-rois, mais elles avaient pour mission de leur apprendre le sens de la vie et ne les laissaient pas le luxe de l'oisiveté. Elles auraient pu aller elles-mêmes faire leurs courses aux alentours, mais elles envoyaient toujours des enfants par ces sentiers escarpés, pour leur apprendre à apprécier la valeur du travail.
Ces longs trajets n'avaient rien d'une promenade : les cailloux, pointus, s'enfonçaient dans les semelles trop fines jusqu'à meurtrir les pieds, le vent soufflait fort et froidement et déstabilisait les petits corps qui peinaient parfois à avancer, et lorsque le soleil soufflait, il brûlait les peaux dégagées du visage et de la nuque. C'était loin d'être agréable, mais aussi haut dans la montagne, tout autre moyen de transport, même rudimentaire, était difficile à utiliser. Jamais Hisaki ne s'était dit qu'il était bien pratique d'envoyer des enfants plutôt que d'y aller soi-même. Il avait cherché dans chacune des corvées qui lui avait été imposée, souvent arbitrairement, une raison précise pour laquelle on la lui avait donnée. Les autres enfants traînaient parfois des pieds, ou se plaignaient des tâches qu'on leur donnait. Ils évoquaient une vie en dehors de l'orphelinat beaucoup plus facile, où ils n'avaient pas à subir les rigueurs de l'hiver, et où ils étaient choyés, mais Hisaki n'avait jamais participé à ces jérémiades. Il n'était pas ravi de la participation que l'orphelinat exigeait de lui et s'en serait volontiers passé, mais il pliait le dos parce qu'il ne lui serait jamais venu à l'esprit de remettre en cause un ordre des sœurs.
La hiérarchie sociale l'ennuyait, Hisaki n'était jamais le premier à faire preuve de politesse envers quelqu'un qui serait plus favorisé que lui, mais quand il s'agissait de la hiérarchie du culte, il la respectait toujours scrupuleusement, ne refusant jamais un ordre venant d'une personne plus haut placée que lui - et, pour son plus grand malheur, c'est une tendance qu'il a gardée à l'âge adulte. Il ne savait même pas si Niantu avait spécifiquement demandé à ce qu'une telle hiérarchie fût respectée, mais il lui semblait évident que ceux qui comprennent mieux le dieu aient de l'autorité sur lui. Hisaki rentrait facilement dans le rang, et pour cette raison, les hauts gradés du culte ont toujours pu compter pour lui.
Au quotidien, cette subordination se traduisait dans sa relation avec les sœurs qui avaient la lourde tâche de les éduquer. Il fallait leur obéir, même lorsqu'on ne comprenait pas pourquoi, parce qu'on avait la sensation qu'elles, elles le savaient. Aujourd'hui, Hisaki a pu prendre distance avec cette époque, et comprendre certaines erreurs qu'elles peuvent faire, mais à l'époque, il était entièrement à leur merci. Elles ne traitaient pas mal les enfants, mais elles oscillaient constamment entre un mélange d'affection devant leur innocence et de rigueur dictée par leur sens du devoir religieux. Elles ne savaient pas toujours s'y prendre correctement, ne prenaient pas toujours la peine de les écouter, mais elles faisaient de leur mieux malgré tout. Aux yeux d'Hisaki, elles manquaient de cette petite part d'humanité qui aurait pu rendre ce passage à l'orphelinat agréable, mais elles n'étaient pas nécessairement coupables de négligence ou de cruauté à leur égard.
Le jour de ses sept ans, sœur Adelaïde était venue rejoindre les rangs de l'orphelinat. Cette grande femme aux yeux aussi clairs que les cheveux étaient sombres n'avait pas toujours été une véritable croyante : elle n'avait découvert Niantu que tardivement et n'avait jusque là manifesté qu'une croyance superficielle, plus par sécurité que par conviction personnelle, jusqu'à ce qu'elle échappe à un regrettable accident dans la montagne. Elle en avait acquis la conviction que Niantu existait et qu'elle devait lui consacrer la vie qu'il avait sauvée.
Comme tous les nouveaux convertis, sœur Adelaïde faisait preuve d'un rigorisme à toutes épreuves, comme pour mieux faire oublier qu'il n'en avait pas toujours été ainsi. Elle était celle qui ne laissait rien passer, qui condamnait le moindre chuchotement dans la salle de classe par un coup de règle sur la main, qui privait de nourriture les enfants qui jouaient avec, et enfermaient pour quelques heures dans une pièce sombre ceux qui se montraient trop turbulents. Elle eut très rapidement en ligne de mire Hisaki, en qui elle décelait un potentiel particulier, qu'elle pensait gâché par sa tendance à la paresse et à la fainéantise. Elle aurait voulu qu'il se consacre davantage à l'étude, plutôt que de perdre une partie de son temps à jouer.
Si Imé porte l'apparence de cette femme, certains disent que c'est Hisaki qui a hérité de son caractère. Elle était revêche et froide, semblait considérer la compagnie des autres comme le plus grand de ses malheurs et était incapable de faire preuve de compassion. Bien entendu, leur conviction religieuse était aussi forte chez l'un que chez l'autre, et si sœur Adelaïde avait vécu, nul doute qu'Hisaki aurait fini par entrer en conflit avec elle - et il l'aurait finalement vaincue.
Il se souvenait parfaitement du jour où elle avait laissé éclater toute sa fureur sur lui. Il devait avoir treize ans : la sœur avait demandé aux enfants de réfléchir à leur avenir et d'écrire sur une feuille carrée le métier qu'ils désiraient exercer par la suite. Hisaki n'avait pas mis longtemps à se décider : se consacrer à Niantu lui paraissait être la seule option possible, et il inscrivit son projet en belles lettres rondes, absolument certain que sœur Adelaïde se réjouirait de la force de sa foi. Quel désastre, pourtant, s'ensuivit quand la sœur, ramassant et lisant les feuilles, tomba sur celle d'Hisaki :« ermite ?, lut-elle avec horreur, ermite ??? ».
Avant ce jour, Hisaki n'aurait cru possible qu'une simple feuille de papier puisse faire autant de bruit en retombant sur un bureau, et pourtant, elle gronda comme le tonnerre lorsqu'elle heurta la surface en bois. Son regard, penaud, passa de la feuille blanche au visage de la sœur qui luisait d'une colère particulière : « mais enfin, Hisaki, tu vaux bien mieux que cela ! Tu pourrais entrer dans la garde de Falias ! Tu pourrais devenir Lame si tu le voulais ! Alors pourquoi veux-tu gâcher ton potentiel en te retirant du monde ? Ne comprends-tu pas que Niantu t'a choisi pour accomplir sa grande œuvre ? » Il faillit répliquer et il l'aurait pu : à l'époque, il n'était même pas mage, et l'incertitude quant à cette partie de son avenir justifiait la prudence avec laquelle il l'envisageait. Mais sœur Adelaïde, avec sa foi inébranlable, était persuadée qu'un garçon aussi croyant saurait éveiller une Eärendil - et Hisaki savait que s'il en était incapable, elle l'accuserait d'avoir simulé sa croyance pour s'attirer ses bonnes grâces, car peu importe ce qu'il ferait, il serait toujours en faute.
Hystérique, sœur Adelaïde mourut une année plus tard, libérant le garçon de plusieurs années de tyrannie.

L'avenir. Cette partie de sa vie qu'il n'avait pas encore vécue fascinait Hisaki plus qu'elle ne l'inquiétait. Jusqu'à tardivement, il n'avait pas eu la moindre idée de ce qu'il pourrait faire de sa vie, mais il n'avait pas peur, car il savait qu'il travaillerait pour le culte. Peu importe au fond le métier qu'il ferait, qu'il s'occupe humblement de nettoyer les églises ou qu'il tienne un office plus élevé, Hisaki voulait que son travail soit utile à son dieu. Dans l'idéal, il se serait même exilé du monde, pour entendre la voix de Niantu et essayer d'entrer en contact avec lui, mais il ne se fermait à aucune possibilité.
Lorsqu'on était orphelin comme lui, l'avenir était particulièrement incertain, parce qu'on n'avait aucune place assurée ni personne pour servir de modèle. Voilà bien longtemps qu'Hisaki avait accepté la perte de ses parents, il était résolu à ne jamais les rencontrer, mais il regrettait parfois de ne pas connaître ses origines. Le sort de sa mère était clair, car on lui avait bien dit qu'elle était morte en lui donnant naissance, mais Hisaki ne savait pas ce qu'il en était de son père. On ne lui avait rien dit de lui, soit parce que les gens de la région ne le connaissaient pas, soit parce qu'ils n'osaient pas parler de lui, Hisaki n'avait jamais pu trancher. Il supposait que son nom de famille était celui de sa mère, mais il n'avait jamais osé poser la question à quiconque, parce qu'il était le genre de personne à préférer garder le silence plutôt que d'oser aller vers les autres. Mais parfois, il s'interrogeait sur ce père qui l'avait laissé. Hisaki ne désirait pas forcément en savoir plus pour lui, par peur que ce qu'il pourrait apprendre le dérange, mais il se demandait pourquoi il n'était pas resté près de lui. Sans vraiment le lui reprocher, car lui non plus n'avait pas envie de son père dans sa vie.
Hisaki était donc reconnaissant à l'orphelinat de chercher à lui assurer son avenir, parce qu'il existait une possibilité, même toute petite, qu'il soit meilleur que celui que ses parents auraient pu lui offrir. Et il s'y accrochait de toutes ses forces, parce que ça valait mieux que de se laisser emporter par les regrets. Son passé et ses origines pouvaient être une source de souffrances, mais Hisaki préférait en faire une force, en se disant que sans cela, sa vie aurait été pire.
Il ne recherchait pas nécessairement la voie du mage. Les sœurs lui avaient enseigné depuis sa tendre enfance que les pierres étaient un don de Niantu et que les meilleurs d'entre eux auraient la chance de les éveiller et d'obtenir un gardien. Elles lui avaient expliqué qu'il s'agissait là d'un don supplémentaire que leur dieu avait fait aux humains, lui qui leur avait déjà donné un refuge, et qu'ils ne devaient surtout pas considérer que ce privilège leur était dû. Hisaki avait vu d'autres enfants éveiller avant lui leurs gardiens, mais bien éduqué, il ne ressentait pas forcément de jalousie à leur égard. Son tour viendrait un jour, ou ne viendrait pas, mais dans tous les cas, il devrait accepter ce que le destin lui réservait.
C'était ce qu'il disait, mais bien entendu, Hisaki ne pouvait totalement empêcher cette jalousie acide lui titiller le cœur. Il faisait bonne figure, s'empressait toujours de féliciter son camarade nouvellement pourvu d'un gardien, mais chaque nouvel éveil lui portait un coup à l'estomac. Bien malgré lui, il sombrait dans cet excès de vanité qui lui faisait croire qu'il pourrait devenir mage, lui aussi. Il avait bien compris qu'il n'avait pas à le souhaiter, et qu'il ne devait surtout pas prier Niantu de le favoriser, lui plutôt qu'un autre, mais c'était exactement ce qu'il désirait au fond de lui. Perdre la moitié de sa vie ne signifiait pas grand chose aux yeux d'Hisaki, qui considérait qu'il ne la possédait déjà pas pleinement, mais passer la vingtaine année sans le moindre gardien à ses côtés aurait signifié qu'il n'était pas digne de son dieu. Il se raccrochait du mieux qu'il pouvait à la confiance qu'il éprouvait pour Niantu, se raccrochait à la certitude que même si ce présent lui était refusé, il ne serait pas perdu, mais il comprenait déjà qu'il porterait toute sa vie la déception de ne pas avoir su faire ce que d'autres pouvaient.

acte deux. pierre qui roule n'amasse pas mousse

Les pièces de monnaie quittaient la paume de sa main à intervalle régulière et y retombaient pour être à nouveau projetées en l'air. La somme n'était pas importante, mais c'était ce qu'Hisaki avait reçu pour son quinzième anniversaire, et c'était déjà suffisant pour lui permettre de se demander ce qu'il allait en faire. Il pouvait les mettre de côté pour économiser, mais il pouvait aussi décider de les utiliser tout de suite, pour s'offrir une petite douceur ou un objet un peu plus durable. Mais cela faisait déjà plusieurs semaines qu'il balançait les pièces dans sa main en s'interrogeant à ce sujet, et il n'avait toujours rien décidé. Hisaki estimait qu'il avait déjà bien assez, et lorsqu'il s'intéressait à ses envies, il était toujours étonné de découvrir que la plupart ne pouvaient pas être achetées.
Certains enfants s'étaient moqués de son indécision, et depuis, Hisaki leur claquait systématiquement la porte au nez lorsqu'ils se trouvaient derrière lui, en espérant que l'un d'entre eux finirait par se laisser coincer les doigts par inadvertance. Malheureusement, ils avaient compris et ne se laissait plus piéger. La liste des choses qu'Hisaki désirait vraiment s'en trouvait drastiquement réduite.
Je pourrais m'acheter un beau livre de prière tout neuf, songeait-il en voyant son exemplaire rapiécé, mais est-ce que ce ne serait pas narcissique de ma part que d'en vouloir un plus joli ? Mais en même temps, Niantu nous a offert un monde de beauté, cela veut sans doute dire qu'il aime les choses jolies... Ses pensées tournoyaient sans cesse, se demandant ce qu'il était convenable pour lui d'acquérir et si cela n'entrait pas en contradiction avec ce que son dieu voulait pour lui. À force de s'interroger sans cesse, Hisaki finissait par se mettre à prier avec beaucoup de concentration, afin d'apaiser son esprit, mais son problème n'était jamais résolu pour autant.
L'air était encore froid en ce début de printemps, mais en comparaison du cœur de l'hiver, il était vraiment agréable. La neige était un peu moins épaisse à cette altitude, et l'on percevait plus clairement la forme des rochers sous la couche cotonneuse. Quelques semaines plus tôt, Hisaki n'aurait sans doute jamais remarqué qu'une Eärendil s'y cachait et l'y attendait, mais en cette saison, il eut le temps d'apercevoir une petite pierre toute ronde, de la couleur de ses yeux. Les pièces retombèrent dans sa paume pour y rester. La petite pierre le troublait. Il sentait que quelque chose était en train de se passer, mais il ne comprit pas tout de suite que le moment qu'il attendait était en train de se passer. Il regardait la pierre, et avait le sentiment que celle-ci le regardait également - et qu'elle |i]attendait[/i] quelque chose de lui qu'il était en mesure de donner.
Hisaki ne sait pas quand il a dit oui. Est-ce son cœur qui a parlé pour lui ? Ou bien est-ce que le moment où il a saisi la petite pierre, pour la regarder de plus près, qui a scellé le pacte ? Il n'en sait rien. La pierre l'a simplement aveuglé et puis elle était là.
Il en tomba à la renverse. « s-sœur Adelaïde ? Mais je... je croyais... » La femme qui se tenait devant lui aurait dû être morte, et pourtant elle paraissait bien réelle. Hisaki eut du mal à comprendre que cette femme-là serait sa gardienne - jusqu'à ce que, lui adressant un sourire bienveillant qui n'aurait jamais franchi les lèvres de la sœur, elle se présenta : « Bonjour, je suis Imé. »

Comme tout autre nouveau mage, Hisaki fut célébré dans son orphelinat, même ceux qui avaient du mal avec lui. Il eut à supporter les remarques parfois grivoises que l'apparence de sa gardienne suscitait, ce qu'il fit en serrant les dents jusqu'à ce que, décrétant qu'il était fatigué, il alla se coucher avec un goût amer dans la bouche. Hisaki avait enfin vécu son éveil, mais ce qu'il avait obtenu lui laissait l'impression d'avoir raté quelque chose.

acte trois. naissance d'un monde

L'ascension d'Hisaki s'était par la suite révélée rapide : il ne lui avait pas fallu cinq ans pour que son talent soit reconnu, y compris en dehors du culte. Il ne devait pas cette ascension au hasard ou à un don naturel, mais d'abord et avant tout à un travail régulier et intensif, qui le poussait à explorer toutes les possibilités que son nouveau pouvoir, matérialisé par Imé, lui offrait. On ne pouvait reprocher à Hisaki de faire preuve de fierté déplacée ou de se reposer sur ses lauriers : il y allait à fond, avec rigueur, jusqu'à ce que la fatigue l'empêche de se concentrer.
Avoir enfin obtenu une consécration à laquelle il aspirait malgré lui était une chose, mais ce qui inspirait tant Hisaki était la certitude que Niantu avait entendu chacune des prières qu'il avait formulées depuis qu'il était en âge de parler et qu'il était par conséquent récompensé. Il savait bien que d'autres, moins fervents que lui, avaient atteint le même statut que lui, il lui paraissait donc naturel qu'en conséquent, il devait faire de son mieux pour prouver que c'était la croyance qui permettait d'éveiller les pierres, car Hisaki ne croyait pas aux autres hypothèses qui lui semblaient trop farfelues. Il voulait faire de sa réussite une preuve de la grandeur de son dieu, pour rappeler aux incroyants à quoi ils fermaient les yeux.
Car son nouveau statut de mage acquis, et les premiers talents manifestés, Hisaki s'était ouvert au monde extérieur, pas seulement à l'orphelinat mais aussi au culte, à mesure qu'on lui expliquait plus précisément les faiblesses de sa religion. Il lui était très difficile d'admettre que l'on ne puisse pas croire en ce qui révélait pour lui de l'évidence, et ce d'autant plus qu'il ne faisait pas beaucoup d'efforts pour comprendre leur point de vue. Il se serait montré beaucoup plus brute avec si on ne lui avait recommandé de faire preuve de patience et de ne pas tenter d'actions irréfléchies. Contente-toi de trouver un travail utile d'abord, lui disait-on, ensuite, tu pourras y réfléchir. Un ordre qu'Hisaki avait suivi, bien évidemment.
À partir de ce moment-là, son histoire devint le récit d'une réussite éclatante, seulement ternie par sa difficile relation avec sa gardienne. Hisaki avait rapidement compris deux choses : d'une part, qu'Imé n'était pas sœur Adelaïde, et qu'il n'était donc pas tenu d'obéir à ses lubies, d'autre part, qu'il ne pouvait cependant pas totalement séparer ces deux figures féminines. Imé avait beau se montrer douce avec lui, elle avait beau prendre sa défense lorsque quelqu'un se montrait critique avec lui, et elle avait beau le soutenir dans tout ce qu'il faisait, Hisaki était toujours profondément dérangé par son apparence et semblait bien incapable de la pardonner. Cette contrariété lui empoisonnait la vie bien plus que ceux qu'il voulait bien avouer. Hisaki faisait des efforts, pourtant, pour ne pas être trop en froid avec sa gardienne, car il savait qu'il était de son devoir de la traiter correctement et d'entretenir avec elle une relation suffisamment cordiale pour faire de la magie en toute tranquillité, mais très rapidement, il s'avéra qu'il ne savait pas y faire, et qu'il n'avait peut-être même pas envie de s'investir plus que ce qui était strictement nécessaire. Et en cela, Hisaki avait tort, car il ne se rendait pas compte que sa gardienne était devenue sa plus grande force, au delà de la simple relation contractuelle qui s'était établie entre eux.
Contrairement à Hisaki, Imé savait se faire aimer, même si elle pouvait se comporter aussi bien comme une personne responsable qu'une enfant trop gâtée. Elle avait pris l'habitude très rapidement de décrypter le caractère d'Hisaki à ceux qui ne le comprenaient pas, et récoltait en retour un regard noir de son mage - à la fois parce qu'il n'appréciait pas de se retrouver aussi dévoiler, et parce que bien souvent, elle avait raison. Imé n'expliquait pas Hisaki pour l'embêter : elle souhaitait que plus de gens l'apprécient, et elle savait que cela ne pouvait être fait qu'en dissipant les malentendus qu'il créait.
Ils se mettaient rarement en colère l'un contre l'autre, mais lorsque cela arrivait, le ton pouvait monter très haut. Hisaki ne lui disait pas forcément ce qu'il pensait, il se contentait de répéter des je n'ai pas besoin de toi et des tu es un fardeau plus qu'une aide alors que ce n'était pas la vérité. Imé, en revanche, avait tendance à se montrer très honnête avec lui et à lui dire ses quatre vérités. Mais ces crises passagères ne duraient jamais longtemps, car Imé, qui quittait blessée le terrain de confrontation, finissait toujours par revenir lui et se réconcilier. Plus souvent, il existait une sorte de distance entre eux, presque de la gêne, comme s'ils ne savaient pas comment interagir entre eux. Les premiers temps de leur coopération étaient pour cette raison difficile, car ils avaient du mal à trouver un terrain d'entente qui assurerait à chacun de ne pas voir l'autre aller plus loin que ce qu'il pouvait accepter, mais au fil des années, leur relation s'était calmée et stabilisée. Hisaki n'était jamais vraiment devenu proche d'Imé, mais il acceptait de mieux en mieux son existence ainsi que son caractère.
Au fond de lui, Hisaki le regrettait. Sa relation avec sa gardienne n'était pas telle qu'il l'avait imaginée, et il n'était pas stupide au point de ne pas se rendre compte qu'il en était le principal responsable. Mais en ce qui concernait les relations sociales, Hisaki n'avait jamais brillé dans le domaine, et il ne semblait pas devoir s'améliorer. Il parvenait à les maintenir dans cette zone d'hostile neutralité, où l'on n'est pas vraiment ennemis mais où on ne pourra jamais attendre d'aide de quiconque. Pas vraiment d'amis, une gardienne pas vraiment aimée, juste des relations superficielles, principalement entretenues par ceux qui avaient le courage de le supporter. Avec les personnes les plus croyantes du culte, c'était différent, car Hisaki leur vouait un respect discret mais sincère. Il pouvait les écouter parler pendant des heures et s'intéresser vraiment à tout ce qu'ils disaient. Il pouvait obéir à leurs ordres sans se sentir contraint de le faire, c'était aussi naturel que de respirer. Il fallait être profondément croyant pour pouvoir s'entendre à peu près à lui.
Et c'était cette passion qu'il manifestait lorsqu'il parlait de sa foi,  sa rigueur dans la pratique de la religion, l'apparence qu'il donnait de pouvoir surmonter tous les défis, qui avaient poussé le culte à faire d'Hisaki son émissaire, celui qui allait devoir voyager dans toutes les régions de Caelum pour répandre la bonne parole, alors même que la compagnie des autres semblait au mieux l'exaspérer. Peut-être était-ce un mauvais calcul du culte que d'envoyer un être aussi peu sociable à la rencontre des autres, ou peut-être le culte décelait-il en lui un potentiel auquel une personne ordinaire était aveugle. Hisaki était plutôt satisfait de la mission qui lui avait été donnée et, accompagné de sa fidèle Imé, avait aussitôt entrepris de prendre les routes.
Le monde lui semblait plus grand et plus chaud que la petite région qu'il avait toujours connue. S'habituer aux grandes plaines et à la basse altitude avait été difficile : Hisaki se sentait bizarrement exposé dans ces étendues immenses que le regard ne peut jamais englober dans sa totalité. Les villes, grandes ou petites, droites ou biscornues, le fascinaient quant à elle par la quantité de population qu'elles étaient capables d'accueillir. Et il vit que le monde que Niantu avait créé était beau, et digne d'être aimé, et il fut reconnaissant d'en faire partie.
Les gens étaient ce qui lui plaisait le moins à Caelum. La plupart n'avaient qu'une croyance que superficielle en son dieu, et d'autres semblaient s'éloigner de plus en plus de la vraie croyance. Si Hisaki prenait ces témoignages d'indifférence par le mépris, il était sacrément plus secoué en vérité. Incompréhension et effroi se mêlaient en lui et confortaient ses positions en même temps qu'elles confirmaient l'importance de sa mission. Tant pis si Hisaki devait s'attirer l'hostilité des autres, il ne dévierait pas de la ligne qu'il s'était fixée. Et tant pis aussi si on le traitait d'imbécile qui ne changeait pas d'avis ou de fanatique - terme qu'il rejetait en bloc, car il se sentait parfaitement équilibré : les autres étaient en tort.
Hisaki accueillit la nouvelle de son affection auprès de la nouvelle gouverneure avec un détachement qui masquait mal sa désapprobation. Il avait atteint, à l'âge de vingt ans seulement, le plus haut poste qu'il pouvait espérer obtenir en tant que mage, ce qui aurait constitué une fierté en temps normal, s'il n'avait été obligé de se coltiner Deyris.
Il ne connaissait pas cette femme personnellement mais en savait déjà assez sur elle pour savoir qu'elle ne lui plaisait pas du tout. Une part tenait au caractère difficile que l'on prêtait à la gouverneure : semblait-il, elle était une forte tête et était douée pour se faire détester. Qui plus est, ses collaborateurs avaient à supporter ses moqueries incessantes, ce qui ne pouvait qu'augurer des relations orageuses avec Hisaki. Mais plus que ces rumeurs, qui la peignaient comme une femme monstrueuse, c'étaient les intentions de Deyris et ses origines qui retenaient l'attention d'Hisaki. Non seulement il ne savait strictement rien sur elle, mais en plus personne ne semblait capable de le renseigner. Il n'avait pour lui que l'assurance du culte que la gouverneure prenait tout à fait à cœur leurs intérêts - et sur ce point, Hisaki était prêt à se laisser berner par elle, si jamais ce n'était pas le cas, car le culte lui semblait bien trop favorable pour qu'il se permette de se méfier Cela n'empêchait pas qu'il s'inquiétait beaucoup de sa future collaboration avec elle, et des résultats catastrophiques qu'elle pourrait engendrer
Naturellement, ils dépassèrent ses attentes. Non seulement les rumeurs à son sujet se révélaient exactes, mais parfois, elles lui semblaient également minorées. Hisaki prit très rapidement en grippe Deyris, son caractère détestable, sa fausse innocence, ses mystères trop bien cachés. Sans doute aurait-il pu supporter les manigances de la gouverneure, qui étaient bien plus difficile à cacher à une personne censée assurer votre protection s'il n'avait fini par avoir la conviction que Deyris n'était pas vraiment croyante. Hisaki ne disposait pas de la moindre preuve, et aux yeux du culte, elle se comportait exactement comme il le voulait, mais il avait l'impression que dans sa ferveur à elle se cachait une pointe de dérision. Il ne savait pas si elle se moquait du culte ou de lui-même, probablement des deux.
Mais il ne pouvait rien faire, il avait ordre du culte de la protéger, et même si sa mort ne la chagrinerait pas le moins du monde, Hisaki remplissait son office avec tout le sérieux qu'on pouvait exiger.
anecdotes
ne jamais, sous aucun prétexte, le déranger pendant qu'il prie - n'aime pas qu'on le dérange de façon générale - a toujours un symbole de Niantu caché sur lui - n'a jamais douté une seule fois de l'existence de son dieu - revient de temps en temps dans son orphelinat pour afficher sa réussite aux yeux de tous - grand adepte de thé - son estomac est fragile - a la fâcheuse tendance à claquer les portes quand il est énervé - ne parvient pas à s'endormir s'il y a trop de bruit - n'aime pas la chaleur - veut bien faire mais ne sait pas toujours comment - a reconnu une fois que son comportement envers Imé n'était pas approprié - son plus grand rêve actuellement serait de posséder un petit chiot - n'est encore jamais tombé amoureux, mais parfois il aimerait - ignore encore sa plus grande peur, mais il sait déjà qu'il en a peur - regrette de ne pas être plus apprécié mais ne pense pas un instant qu'il aurait le pouvoir de faire bouger les choses - parce que le changement, c'est mal, vous comprenez - méprise cordialement les explorateurs pour cette raison - et les infidèles pour d'autres - mais a des principes et ne fera jamais sciemment de mal à quiconque








Imé
Nom : Imé
Pouvoir : Obscurité
Arme : duo de dagues
Sexe : féminin
Genre : humanoïde
Âge : neuf ans
Opinion : Hisaki, elle l'adore, quand bien même lui ne donne pas l'impression d'être à l'aise en sa présence. Même si elle sait pourquoi, elle aimerait malgré tout pouvoir être plus proche de lui, nouer une relation un peu plus complice, car ça la rend triste qu'Hisaki soit si fixé sur son apparence, au lieu d'en faire abstraction. À défaut, elle se montre très maternelle avec lui, fait tout ce qu'elle peut pour lui, pour le protéger de tous les dangers qui pourraient le menacer, parce qu'elle ne peut supporter l'idée de le voir souffrir. Ce qui ne l'empêche pas, parfois, de bouder un peu parce que son mage ne se comporte pas comme elle voudrait...
Maternelle — Protectrice — Intelligente — Avenante

Susceptible — Boudeuse — Critique — Donneuse De Leçons








derrière l'écran
salut, je suis la personne qui lit tout et ne parle jamais.






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homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté + hisaki +, par Invité ► 29/4/2018, 13:06 ►
bienvenue ô jeune aventurier(e) !

Hola camarade ! Hisaki, hisaki, hisaki ! Quelle joie de voir ce prédéfini pris, je suis plus que ravi ! Tu as parfaitement cerné le personnage et j'ai apprécié en lisant ta fiche de ressentir son fanatisme sans pour autant avoir la sensation du grand malade souhaitant couper des têtes. On ressent son avis mais aussi son incompréhension face au reste de Caelum. J'ai beaucoup aimé ! Je te valide sans plus attendre ! PS: on ne l'a pas précisé dans les textes mais le si tu cherches un signe lié à la religion ; les membres du culte portent une broche ornée d'un rubis ! Tu peux dès à présent recenser tes avatars (www), créer ta fiche de lien (www), et rechercher un Rp (www) !

Que l'aventure soit avec toi !



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homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté + hisaki +, par Invité ► 29/4/2018, 16:50 ►
merci pour la validation, j'avais peur que ma fiche soit un peu lourde.
et merci également de la précision, j'avais cherché ça partout, sans trouver de réponse, ça me sera bien utile inrp
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homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté + hisaki +, par Contenu sponsorisé ► ►
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