Il n'est pas ce qu'il semble être.
Son apparence dévoile une certaine hostilité, peut-être même une sensation de froideur ; mais il n'en est rien.
Son manque d'expression et d'intonation peuvent donner l'impression qu'il ne ressent pas grand chose ; mais il n'en est rien.

Haku est juste un solitaire, qui accepte de temps à autre de coopérer pour le bien d'une mission éventuelle. Il ne fait que le stricte nécessaire et ne cherche pas à aller au-delà de l'intimité des autres.
Haku n'est pas mauvais, mais il n'est pas bon. Il n'est pas spécialement égoïste non plus ou du moins, c'est difficile à cerner cela.

La plupart vous diront qu'il s'agit là d'un explorateur parmi tant d'autres.
Peu d'entre eux vont simplement vous répondre qu'il est intègre, et donc fiable.
Au final, on peut vous dire bien des choses, mais la seule certitude à avoir ; il ne rejette personne.

« ... Je vais bien.. »
Trois jours.
Soixante-douze heures qu'il est ici, à l'infirmerie, la gueule à moitié pansée par un bandage à présent tâché. Une énième sortie avec un autre groupe, jamais les mêmes visages, jamais les mêmes habitudes.
Et c'est sans doute là, le nœud du problème.

Le parcours s'annonçait pas très difficile, voir même terriblement aisé. Jusqu'à présent, aucune créature monstrueuse n'avait croisé sa route. Et alors il priait, priait et priait pour qu'un jour, il croise une réelle nouveauté. Quelque chose qui pourrait égayer sa journée. Une plante, un insecte, une ruine ? Mais il s'est trop aventuré, seul, sur un chemin précédemment découvert avec d'autres gens que ceux-là. Ce qui a fait que, malheureusement, ils ont attiré ce qu'il ne fallait pas.

Autant dire que sa mémoire lui fait défaut, ce coup-ci. Des cris, des avertissements, un rappel et surtout, un coup au visage. Violent, déchirant. Sensation cruelle et vive sur sa chaire, d'une plaie qui laissera une cicatrice à vie. Le sang a coulé, la vue s'est brouillée et uniquement ses jambes ont su obéir au « fuyez ! » qui n'a cessé de retentir dans ses tympans, telle une alarme qui a su réveiller l'instinct de survie.
Mais ça arrive, de fuir.

Un disparu et un mort, tandis que sa propre personne a réussi à s'en sortir, tel est le bilan de cette sortie. Mais rien qui ne l'empêchera de vite recommencer, après tout je ne les connaissais pas tant que ça.
Son regard mi-caché par le bandage est déjà orienté vers la fenêtre, fixant le ciel d'un œil envieux. Tant que ses jambes peuvent marcher et que ses mains peuvent empoigner, hors de question d'arrêter.
Beaucoup se sont questionné sur le pourquoi d'un tel acharnement. Peut-être par envie d’adrénaline ? Désir de gloire ? Ou parce qu'il en a marre de se sentir enfermer ?
Lui, en tout cas, n'a jamais su donner de réponses. Ses pas ont juste avancés, jusqu'à devenir ce qu'il est aujourd'hui.

« C'est comme ça et pas autrement. » a-t-il répondu d'un ton las à une personne qui hurlait vengeance.

Comme à chaque désastre, on s'en prend à celui qui a eu le malheur de survivre, de revenir et on le blâme, encore et encore, parce qu'il faut un coupable. Mais il n'est pas ici pour ça. Cette femme a eu son moment, elle a pleuré, elle l'a accablé, elle l'a pointé du doigt, elle l'a insulté et ça suffit.
Son manque d'empathie apparent l'a bien aidé à couper court a bien des drames, ne pas y donner suite. Mis à part perdre mon temps, ça ne me sert à rien.

Et ça serait assez mal vu de frapper un blessé, non ?
Un peu de paperasses, quelques jours de repos et on y retourne.
Il quitte l'hôpital, prend les médicaments qui lui ont été prescris et rentrera simplement chez lui, avec la gueule bandée comme si on avait manqué de la lui arracher.
Ce qui fut le cas.

Ses pas connaissent le chemin de cet endroit qu'il appelle "chez lui", un chez lui qu'il arrive à maintenir avec l'argent qu'il gagne par quelques magouilles par-ci et là. Rien de bien étonnant, lorsqu'on est habitué par le marché noir ou alors a-t-il développé la fibre commerciale ? Difficile à dire.
Ses journées sont monotones, de quoi établir un quotidien stable et sans accroc. Cet accident est la seule surprise de ce mois-ci ou bien de l'année, vu qu'il jure que cela ne recommencera plus.

Malgré son handicape - temporaire - son unique regard se laisse aller sur la présence de l'équipement qu'il portait ce jour là ; malheureusement, son arme est à présent brisée. La simple pensé de devoir compter sur quelqu'un pour la réparer le fait soupirer.

Une lance d'apparence classique, hormis quelques ornements exotiques. Selon le vendeur, elle aurait appartenue à un chevalier avant que ce dernier ne meurt sans laisser d'héritier, autant dire que ça lui importait peu, l'arme répondait simplement à ses critères et c'est le nécessaire.
Les détails, c'est plus tard.

Il retrouve alors sa pièce maîtresse, cette fourrure de bête qui l'accompagne depuis le berceau. Enfin, d'après les dires de l'établissement qui l'a récupéré, c'est le seul "bien" qui lui fut léguer. Héritage merdique, en effet, mais héritage quand même.

Une fourrure grisâtre, tannée pour être portée. Difficile de dire à quel animal ça a pu appartenir, un canidé ? La forme du museau le laisse supposer.
Peut-être que l'un de ses parents était dans ce métier ? Qui sait, à l'époque sa seule priorité était d'avoir à manger le jour même dans cette région froide.
Aujourd'hui, il a su se démerder suffisamment assez pour avoir un coin à lui, une maigre stabilité. L'assurance de ne pas mourir de faim est un bien être considérable, qui lui permet à présent de dormir l'esprit tranquille.
Mais un soupir se fera entendre, la fourrure est abîmée, son arme est brisée et il n'a touché que la moitié pour cette mission raté.
Fait chier, va falloir recommencer.