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« Il y a bien longtemps avant même que les gens n'habitent dans le ciel. Une guerre terrible éclata entre les hommes et une Déesse malfaisante. Après des combats sanglants, nos ancêtres aidés de Dieu scellèrent le pouvoir de cette Calamité. Puis quittèrent la terre souillée et stérile pour construire leur avenir dans le Ciel. »
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{ tangence. (serafim)
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tangence. (serafim), par Invité ► 7/5/2018, 22:47 ►
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i.
C'était le vent, froid comme en plein hiver, qui rendait la bâtisse désagréable. Les interstices, que la main humaine, trop peu précise, avait laissés n'avaient jamais été comblés, et aucun système de chauffage, même le plus perfectionné, n'aurait pu rétablir une température agréable en ces lieux.
C'était justement parce qu'elle était ouverte aux éléments qu'Hisaki aimait ce bâtiment que le culte lui avait alloué. Il exécrait les excès de luxure et considérait que la parole de Niantu pouvait mieux lui parvenir si les murs ne le coupaient pas des éléments. Car le vent ne pouvait être qu'un don de Niantu, car il émettait parfois des sons étirés, et pour cette raison, il fallait y être attentif, afin de capter le message inintelligible qui y était caché.
La prière lui donnait cependant la sensation de plonger dans un bain chaud et revigorant. Hisaki sentait ses mains jointes s'attiédir sous l'effet de son ardeur, et surtout de son souffle qui s'échappait paisiblement de ses narines. La prière était pour lui un besoin. Elle le coupait un temps du monde, et ce temps passé avec le divin lui octroyait de nouvelles forces, dont il aurait besoin par la suite. Elle calmait aussi ses angoisses les plus profondes, ce doute, toujours un peu prégnant, qui lui donnait l'impression de ne pas être à la hauteur de la tâche qui était confiée à lui. Cette jalousie, habilement dessinée, qu'il n'aurait pas dû ressentir, et qui pourtant le tiraillait. Sous l'angle de la prière, sa gardienne devenait un instrument aimé, dont Hisaki ne manquait jamais de remercier la présence, peu importe la pesanteur qu'elle représentait. La force, la conviction qu'il gagnait s'étendait au-delà de la prière, et c'était pour lui preuve qu'elle était vraie.
Il ne pouvait s'en passer avant aucun grand événement, et ce jour-là en était un, et il y mit plus de ferveur que d'habitude.

ii.
Imé s'était glissée dans la salle de réunion avec la discrétion du garde du corps qui refuse de quitter des yeux l'objet de sa surveillance. Sa présence ne le dérangeait pas vraiment, elle était digne de confiance, elle lui était entièrement dévouée. De tous les défauts qu'Hisaki attribuait à Imé, l'indiscrétion n'en faisait définitivement partie. Il était de toute façon plus facile pour tous les deux de la laisser en faire à sa tête que pour lui de la convaincre de le laisser. Elle se tairait, probablement, ne se mêlerait pas de ses affaires, et cela lui convenait. C'était lorsqu'elle prétendait se rapprocher de lui, dans sa vie privée, qu'Hisaki se sentait vraiment agacé.
Il n'y avait rien à faire : elle n'acceptait jamais de le laisser rencontrer son homologue de l'Est sans qu'elle se tienne à ses côtés, par peur du gardien qui l'accompagnait. Hisaki ne comprenait pas les craintes qu'Imé avait son sujet, et qui la poussait à se montrer plus protectrice que jamais, mais il supposait qu'elle était vexée de ce que lui en avait dit. Ces petites tracasseries ne devaient pas le concerner, mais parfois, il se sentait un peu agacé, étouffé par le cocon qu'elle essayait de construire pour le protéger. Peut-être était-ce lui qui réagissait trop vivement, après tout.
Imé s'éclipsa le temps d'aller chercher son hôte qui venait d'arriver. Hisaki n'était pas cordial, parce qu'il savait que le prince ne l'était pas non plus - c'était bien son genre d'envoyer un domestique à la porte, et comme il ne voulait ne pas être en reste, il en faisait de même avec sa gardienne, qui curieusement l'acceptait.
La chevelure dorée était aveuglante, et à elle seule, elle semblait augmenter la température de la pièce de plusieurs degrés. Hisaki se sentait parfois étouffé par sa présence charismatique - comme si Serafim éloignait les ombres dans lesquelles le jeune homme aimait se réfugier. Le protecteur de l'Est n'était pas homme à passer inaperçu, et s'il n'eût été si talentueux, Hisaki l'aurait considéré comme un vaniteux. Mais Serafim était bien plus qu'un joli minois aristocratique, et pour cela, il était dangereux.
Hisaki, en comparaison, se sentait faire piètre figure, et ses salutations se réduisirent à un « bonjour » froid mais poli. L'hospitalité n'était pas son fort, et il ne savait pas comment mettre à l'aise les autres - mais il estimait que Serafim n'avait pas vraiment besoin d'être mis à l'aise, pas lui. Hisaki s'installa sur une chaise austère en croisant les bras.

« Niantu nous est favorable, la situation est tranquille. »

Hisaki commençait toujours pas remercier son dieu de la paix qu'il avait apportée au monde. Il n'aurait pas été concevable de ne pas exprimer cette reconnaissance alors qu'il s'apprêtait de discuter de l'état du monde - ou plus précisément, de l'est et de l'ouest. Dans les faits, la situation était bien moins idyllique, l'ouest était toujours aussi corrompu par le marché noir et sa gouverneure, mais enfin, ça aurait pu être pire.

iii.
Dans son coin, Imé se taisait, les yeux fixés sur Hisaki, comme s'il pouvait lui arriver quelque chose au cours de cette informelle assemblée...

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tangence. (serafim), par Invité ► 10/5/2018, 04:23 ►

RUKOVODIT


Falias. L'Ouest. Un voyage qu'on pourrait facilement qualifier de dangereux pour le commun des mortelles. La région semblait habitée par une malice qui lui était propre, les chemins escarpés et la présence des bandits rendait cette chaîne de montagne périlleuse. Un froid si glaçant que la sueur algide de n'importe quel guerrier pourrait le paralyser dans une armure rendue inhospitalière par le froid hivernal. Une région que le prince avait toujours considéré comme pernicieuse, tant elle était la caricature d'une forteresse impénétrable dans laquelle se fomentait les complots du culte afin d'arriver au pouvoir. S'ajoutais aussi à ça le climat propice au développement du marché noir et les idéaux de la gouverneure qui entraient en parfaite adéquation avec cela, Falias était ce qu'on pouvait considérer comme hostile. Pourtant, ce n'était ni le premier ni le dernier voyage que faisait le protecteur de l'Est dans cette contrée farouche. Comment pouvait-il en être autrement ? Dans l'enceinte de cette forteresse imprenable se trouvait un trésor glacial. Hisaki.

Le protecteur de l'Ouest était un mage compétent, pour ne pas dire de lui qu'il frisait tout simplement l'excellence. Un parfait soldat à la solde du culte mais pas seulement : à la solde d'une idéologie, d'une adoration. Ses compétences forçaient le respect mais bien plus encore, sa détermination quand il s'agissait du culte de Niantu était sûrement ce qui faisait de lui une lame si fine. Une lame qui, dans le froid néfaste de Falias, s'était affiné jusqu'à devenir une arme capable de tout trancher pour ses convictions. En ça, le prince offrait une crédibilité et une attention toute particulière à son homologue de l'Ouest. Un fort sentiment de rivalité et d'intérêt s'était vu naître entre les deux hommes, si bien qu'il s'était mis à considérer son comparse comme un élément important du nouveau régime qu'il souhaitait instaurer. Malheureusement, la véritable adoration commence là où l'intellect s'arrête. Hisaki n'était, aux yeux de Serafim, pas capable de faire preuve du moindre jugement contradictoire en ce qui concernait ce qui lui avait été inculqué par le culte. Un soldat si parfait qu'il en devenait un pion flamboyant mais un bien piètre cavalier.

C'est donc sous la couverture d'un protecteur venu faire le point avec son confrère concernant les deux régions qu'il dissimulait sa véritable intention : celle de le faire adhérer subtilement à sa cause. Nul doute qu'avec les capacités d'un mage aussi prestigieux qu'Hisaki, sa révolte ne serait rien de plus qu'une formalité. Ici encore se dressait un élément perturbateur, bien plus envahissant que le culte lui-même. Si envahissant que c'était lui qui venait accueillir le seigneur à l'entrée de la bâtisse faisant office de refuge au protecteur de l'Ouest : sa gardienne. Imé avait un don bien plus inquiétant que celui de sa magie. Une clairvoyance attentatoire à l'image qu'essayait de renvoyer Serafim et son gardien. Elle avait vu juste, avait su percer les manigances de Fatum au bout de seulement quelques entrevues et ne s'était probablement pas gardée d'en faire part à son maître. C'était probablement l'obstacle principal à une éventuelle alliance entre les deux parties, si agaçant que Fatum non plus ne se gardait pas de lui témoigner une certaine animosité quant ils se retrouvaient plus isolés.

Maintenant en présence d'Hisaki, Serafim décrocha d'un geste respectueux l'épée accrochée à son ceinturon pour finalement la déposer entre les mains de Fatum. Pénétrer dans un bâtiment à la gloire de Niantu tout en conservant une arme était un affront que même quelqu'un d'aussi orgueilleux que le prince ne se serait pas permit. C'est aussi dans la croyance que les deux rivaux se retrouvaient, bien qu'il faisait preuve de bien plus de modération à ce sujet que son interlocuteur. L'homme à la broche ornée d'un rubis. Avec un respect ainsi qu'une dévotion palpable, c'est sans un bruit que Fatum vint apporter une chaise jusqu'à son maître afin que celui-ci prenne place à son tour. D'un air solennel, il reprit la phrase d'Hisaki, en guise de respect.

― Niantu nous est favorable. une courte pause, il reprit ensuite avec une désinvolture qui n'avait d'égal que l'orgueil imprégné dans ses mots. Comment pourrait-il en être autrement, entre deux élus ? un large sourire, un air dominant. Impétueux. Je vois que tu n'es pas venu m'accueillir toi-même. Devrais-je prendre ça comme un manque de respect ?

Si des similitudes existaient au niveau des capacités des deux hommes, il est certains que le comportement diffère. Hisaki était un silence glaçant et Serafim une couronne aveuglante. Et si Serafim était tout le temps habiter de cette envie de prendre un ascendant sur son vis-à-vis, c'était d'autant plus vrai lorsqu'il s'agissait du protecteur de l'Ouest.

Fatum, quant à lui, restait silencieux. Après avoir établit une distance raisonnable entre lui et son mage, dissimuler sous une attitude faussement respectueuse, c'était bien entendu pour mieux masquer ses actions. Il s'était en réalité laisser aller à une observation rigoureuse de la gardienne en présence, Imé. D'un sourire, les yeux plissés. Son intention était de la court-circuiter.

― Encore une fois, il semblerait que ta région fasse parler d'elle. En mal. N'avions nous pas déjà discuté de l'hérésie que représentait ce marché noir auquel s'adonne la gouverneure de ta région ? Se pourrait-il que... Tu n'oses pas t'opposer à sa volonté ?

Provocateur.  

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tangence. (serafim), par Invité ► 12/5/2018, 22:43 ►
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iv.
Il y avait quelque chose de superbe dont la façon dont Serafim s'installait à table, et celle dont Fatum accompagnait chacun de ses mouvements avec une harmonie parfaite et soigneusement préparée. Une forme de perfection avait été atteinte entre ces deux-là, Hisaki devait le reconnaître, et il préféra oublier la présence d'Imé à ses côtés qui symbolisait une forme d'échec.
Mais l'admiration un peu jalouse qu'Hisaki portait à ses manières princières trouvait rapidement ses limites face au caractère orgueilleux de son collègue de l'Est, qui s'octroyait plus d'importance que ce qu'il en avait vraiment. Pour une obscure raison, Serafim s'était mis en tête qu'il était une forme d'élu et, plus étrange encore, il avait décidé d'inclure Hisaki dans la liste probablement réduite des personnes qui bénéficiaient du même privilège - mais ce dernier ne se faisait pas l'illusion de croire que Serafim le plaçait au même niveau que lui pour autant, car le protecteur de l'Est voulait être le seul à briller à la première place, tout dans son comportement le clamait outrageusement. D'élection, il n'y en avait, selon Hisaki, qu'au moment d'éveiller une pierre, et cela ne constituait pas un motif de crânerie. Toute autre attitude vantarde était à ses yeux impie, car très peu justifiée. Mais allez expliquer cela à un jeune homme qui avait dominé son gardien au point d'en faire un parfait domestique, et qui avait probablement regardé les autres de haut toute sa vie...
Finalement, la plus grande faiblesse de Serafim tenait sans doute dans cette vanité obséquieuse, ce besoin de constamment alimenter son ego pour ne pas douter, et Hisaki eut un sourire hautain en le voyant mal interpréter l'accueil qui lui avait été réservé. Jamais il n'aurait avoué les raisons pour lesquelles il avait envoyé Imé, et ça lui convenait très bien, parce qu'il pouvait ainsi mieux les cacher. Il ne lui fut guère difficile de déclarer avec détachement : « Juste la politesse élémentaire, je suppose que tu en aurais fait de même si la situation avait été inversée. » Car il ne voyait pas Serafim se bouger pour aller ouvrir une porte lui-même - en supposant même qu'il ait posé la main sur une porte un jour, question qu'Hisaki ne s'était jamais posée mais qui lui paraissait tout à coup pertinente.

v.
Imé était outrée de ce rôle de vulgaire domestique que les deux mages accordaient volontiers aux gardiens, mais elle n'avait pas la liberté de prendre la parole pour se défendre, car Hisaki l'aurait sans doute poussée dehors si elle intervenait. Elle n'en avait rien à faire de l'humilier, ce qui la dérangeait était de savoir qu'en son absence, elle le laissait tout seul avec ce mage bouffon et son diabolique gardien dont l'apparence aurait dû suffire à l'inquiéter.
Tout ce qu'Imé pouvait faire - et elle prenait ce rôle très au sérieux - était de fixer du regard Fatum, pour s'assurer qu'il ne porterait pas atteinte à son Hisaki, pour le dissuader aussi de l'attaquer. Elle était forte et elle le savait, mais elle avait tout intérêt à le faire savoir à cet ennemi juré. Au moins Fatum était-il trop faussement obéissant pour se permettre de perturber la discussion de son "maître" - elle l'aurait déchiré.

vi.
L'état déplorable que connaissait Falias fut immédiatement mis sur le tapis. S'attendant à de tels reproches, Hisaki ne broncha pas  à l'insulte voilée. Que Serafim le traite de lâche s'il voulait, Hisaki n'y pouvait pas grand chose, la gouverneure était trop habile pour être si facilement éliminée. Sans cela, c'eût été chose faite depuis des lustres. Mieux valait prendre un tout autre angle pour se dédouaner, et cela tombait bien, parce qu'Imé et lui avaient tout préparé.
Considérez cela comme un gâchis d'intelligence si vous voulez, mais Hisaki était loin d'être bête, simplement complètement aveuglé par de fortes convictions. Lorsqu'il s'agissait de promouvoir son église ou d'en excuser ses faiblesses, il se montrait étonnamment subtil. Parce que le culte n'était jamais en tort, et qu'il se triturait la tête à trouver des explications complexes pour le justifier plutôt que de se dire que le culte avait ses défauts. Et lorsqu'il recevait de l'aide - celle d'Imé, en premier lieu, qui était autrement plus débrouillarde que lui, ou bien celle de hauts gradés de son église -, Hisaki se sentait d'autant plus conforté dans ses idées parfois erronées.
En l'occurrence, il n'avait fallu assembler que quelques faits de bon sens qui, mis bout à bout, lui paraissaient convaincants.

« C'est un point de vue extérieur que de croire qu'il suffirait de mettre un terme définitif au marché noir pour que la situation s'arrange à Falias. expliqua-t-il avec son enthousiasme habituel, frisant le néant. Si le problème avait une solution plus simple, crois-moi, ça ferait des années qu'il aurait été résolu. Mais Falias dépend encore trop fortement de ce marché, c'est une évidence. Et tu as certainement pu remarquer que les ressources disponibles dans la région sont très limitées. Je n'aime pas ce que trame la gouverneure, et je pense que c'est une mauvaise idée de miser là-dessus, mais pour le moment, il vaut mieux laisser le système en place, et le harceler du mieux qu'on peut, plutôt que d'engendrer une révolution qui serait sans doute catastrophique. Tu n'en as sans doute rien à faire, mais il y a des gens qui vivent, ici, et qui ont besoin de toute l'aide qu'on peut leur apporter. »

Il se tut. Il appréciait accuser Serafim d'avoir une vision trop globale, trop peu connectée à la réalité du terrain. Et un sens, c'était vrai, parce que Hisaki connaissait la région comme sa poche, et savait donc que la misère pouvait guetter chacune de ces communautés un peu trop isolées. Son enfance n'avait pas été fastueuse, la vie dans la montagne n'était pas facile, et il fallait bien être un prince dans une prison dorée pour se soucier de ceux qui perdaient de l'argent en s'enrichissant sur le dos des autres. Sans compter que le marché noir n'était pas sa priorité - c'était la perte de la foi qui préoccupait Hisaki plus qu'autre chose, parce que contrairement aux flux illégaux, l'incroyance revenait à s'opposer directement à Niantu, hérésie parmi les hérésies qu'il ne pouvait pardonner. Mais dire cela au protecteur d'une région fertile et pas assez croyante ne servait pas à grand chose, ils n'avaient pas les mêmes problèmes à gérer.
Mais il ne s'agissait pas que d'un problème politique. Derrière tout cela, Hisaki s'en rendait compte, se jouait un autre jeu, bien plus subtil et personnel, qu'aucun d'eux n'avait jamais relevé et qui pourtant était bien réel : prouver à l'autre qu'on avait un pas d'avance sur lui, que l'on valait mieux.
C'était probablement une erreur que de tendre la perche à Serafim, mais Hisaki n'était pas parfait, il avait encore l'espoir de voir son homologue s'incliner.

« À moins qu'Eriu n'ait justement les moyens de remédier à cette situation ? » glissa-t-il d'un ton glacial, qui n'acceptait pas les demi-mesures. Il fallait s'engager, ou décliner, mais pas tergiverser, c'était ce que le ton d'Hisaki semblait dire.

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tangence. (serafim), par Invité ► 26/5/2018, 03:13 ►

RUKOVODIT


Agacement. La manière suffisante de s'exprimer qu'avait Hisaki était un des nombreux facteur pour lesquels Seraphim avait toujours eu du mal à ressentir une véritable affection pour lui. Bien entendu, il ne lui imposait nullement une quelconque manière de se manifester mais, il lui aurait sembler judicieux qu'il se plie à un certain effort de langage lorsqu'il s'adressait au prince. Une vision probablement partagé par Fatum, bien trop concentré sur son personnage de gentil domestique pour oser ne serais-ce qu’interrompre les deux protecteurs. Et pourtant, il était indéniable que le protecteur de l'Ouest savait comment évoquer la situation réelle de sa région avec exactitude. On pourrait même dire que son argument était recevable et cohérent, si tant est que Seraphim était réellement intéressé par la situation politique de Falias. En réalité, il n'en avait cure et se serait bien garder de continuer sur le sujet si jamais Hisaki ne s'était pas amusé à lui relancer la balle, non sans une pointe de provocation.

Un sourire délicieux. Il croisa les bras, inclinant légèrement sa tête en arrière, faisant mine de réfléchir. En réalité, il avait déjà une réponse toute établie en ce qui concerne la situation de n'importe quelle région, qu'elle soit bonne ou mauvaise. Mais il se garderait bien de déballer ses stratégies militaire, il n'était pas un bon client pour ça. Autant rester dans les clous.

― Tu sais, Hisaki. Tout ce qui concerne la situation des régions, ce n'est que de la politique. Tu laisses entendre que ta région est isolé à cause de sa position géographique mais, toi comme moi, nous savons bien que ce n'est pas l'unique facteur. penchant en avant le haut de son corps, il reprit avec une voix suave. Qui plus est, tu te doutes bien que je ne cherche pas à discuter des conditions de vie des habitants de Falias. Si je te parle de ce marché noir, c'est tout simplement parce que la mauvaise réputation qu'il apporte à ta région risque d'éclabousser l'aura du culte. Et en tant que croyant, tout comme toi, cette situation me préoccupe.

D'un geste rapide de la main, il fit signe à Fatum de s'approcher de lui. Le gardien s’exécuta. Son gardien se tenant maintenant fièrement à ses côtés, Seraphim témoignait d'une assurance plus rayonnante que jamais. Après tout, il n'était pas venu ici pour parler d'un sujet aussi vaste et abstrait que la religion. Surtout qu'il s'agissait d'un terrain glissant, en ce qui concerne Hisaki. D'une attitude toujours aussi orgueilleuse, il entama un nouveau sujet de conversation.

― Hisaki, je sais bien que tu n'es pas le type de personne à te vanter des dons qui t'ont été offerts par Niantu. Toutefois, n'es-tu pas troublé par la condition des mages dans la société actuelle ? Bien entendu, je te parle de quelque chose qui ne se limite pas aux frontières de nos régions. C'est pourquoi je m'interroge. une courte pause. Que signifies les gardiens, pour toi ? Evidemment, je ne parle pas des faits. Tout le monde sait comment fonctionne la relation entre un gardien et un humain. Je te parle de symbolique.

Comment pouvait-il simplement gâcher un tel pouvoir en se cloîtrant dans un demeure aussi peu hospitalière, lui qui avait tellement de talent ?

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tangence. (serafim), par Invité ► 28/5/2018, 23:30 ►
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vii.
Certains événements étaient prévisibles, et le fait que Serafim n'allait pas se laisser convaincre par un discours comme celui qu'Hisaki faisait partie des attentes du religieux. Un homme comme le protecteur de l'Est était certainement du genre à chercher à avoir le dernier mot, et devait être prêt à répliquer à chaque instant était prévisible. Ce qui ne l'était pas était la rapidité avec laquelle tout cela fut fait Il n'avait fallu que quelques mots pour déconstruire l'argumentaire qu'Hisaki avait mis des jours à bâtir, pesant chaque mot et chaque idée avec l'application d'un artisan éliminant avec patience chaque scorie de sa matière en fusion. En quelques instants, son collègue avait mis le doigt sur le nœud du problème.
L'intérêt inquiet que Serafim témoignait au culte apaisait cependant Hisaki et rendait la situation bien plus supportable. Le religieux ne remettait pas un instant en cause la sincérité dont faisait preuve son collègue dans le domaine. Il avait suffisamment voyagé dans tout le pays, avait été confronté à suffisamment de personnes différentes et habiles pour avoir la certitude que Serafim était croyant - ce sentiment, en comparaison de ce qu'il avait pu voir chez de faux adeptes, n'était pas feint. Il se laissait peut-être aveugler volontairement par une brillante figure, car après tout, tout le monde savait qu'il suffisait de proférer une foi éclatante pour se mettre Hisaki dans la poche, et le protecteur de l'Est était très probablement un manipulateur parmi les plus doués. Mais Hisaki refusait de croire qu'il pouvait s'être trompé : la foi de Serafim était trop impure pour ne pas être réelle. Ce n'était pas qu'un instrument au service de sa fulgurante ascension : le jeune homme y croyait dur comme fer et son gardien supportait fortement sa position.
Et cette inquiétude, Hisaki la partageait également, mais il se trouvait en position délicate, car il ne pouvait ni avouer son impuissance, ni remettre en cause le jugement de hauts gradés du culte, qui accordaient une confiance trop grande à une personne aussi suspicieuse que la gouverneure. Son malaise devait être aussi évident que les tensions qui l'opposaient à Imé. En un cas comme en l'autre, il était perdant.

« Je sais. » se résolut-il à dire enfin, concédant sa défaite avec dignité.

viii.
Le mouvement qu'avait effectué Fatum pour se rapprocher de Serafim avait hérissé la vigilance d'Imé. Elle avait dû se faire violence pour ne pas s'interposer entre Hisaki et lui, par peur que le protecteur de l'Est n'envoie son gardien menacer son mage - elle savait que ce n'était pas possible, mais elle ne pouvait pas empêcher ses peurs de prendre le dessus.
Elle ne prenait plus vraiment la peine de suivre la conversation, mais elle le sentit tout de suite - ce changement imperceptible qui se produisait chez Hisaki à chaque fois que le sujet des gardiens était évoqué, comme si son corps encaissait un coup qui n'avait pour été porté qu'à l'esprit. Elle sentit l'attention de son mage revenir vers elle, l'aigreur et la douleur ayant chassé toute la bonté qu'il aurait pu ressentir. Ce même reproche, toujours, qui lui était adressé, celui de l'avoir trahi en ayant revêtu l'apparence de celle qui l'avait presque vaincu. Imé avait appris à affronter ce ressentiment, à camoufler sa déception et à aimer celui qui le rejetait sans cesse, mais ce n'était pas cela qui était en train de se jouer, et elle se rendit compte que, pour la première fois, elle n'était plus sûre de lui.
Imé connaissait par cœur l'opinion d'Hisaki sur les gardiens, et elle le savait inflexible sur le sujet, comme tout ce qui avait un rapport direct ou lointain avec Niantu. Elle trouvait cette opinion extrêmement froide et contraignante, mais elle l'acceptait, parce qu'elle empêchait son mage de se détourner d'elle. C'était dans les limites étroites de cette idée qu'ils trouvaient le moyen de collaborer, malgré leurs différences et leurs conflits. Imé ne s'attendait pas à voir Hisaki y renoncer.
Mais il y avait ce désir, ce désir qui faisait battre son cœur, qui sous l'épaisse couche de religiosité aiguillonnait des instincts dont il ne parvenait pas à se passer, et qui se trouvait alimenté par le portrait parfait que Serafim et Fatum formaient à ses yeux. Hisaki ne s'en cachait pas vraiment, quand ils n'étaient que tous les deux, et c'était la raison pour laquelle Imé les détestait profondément. Ils ne l'atteignaient pas là où sa faiblesse était évidente, mais là où au contraire elle se cachait le plus habilement. Leur prise sur Hisaki était d'autant plus dangereuse qu'elle n'était pas totalement incompatible avec ses si stricts principes.

Elle sentit l'hésitation dans sa voix s'évaporer dès qu'il sut retrouver le chemin vers sa sérénité.

« C'est une bonne question, et je suis ravi que tu me la poses, car elle est à mon avis fondamentale et mérite d'être approfondie. Les gardiens sont des dons de Niantu. Il n'y a pas à chercher d'autre symbolique : notre puissant dieu nous les a offerts dans le but d'accomplir sa Volonté. Il est de notre devoir d'entretenir de bonnes relations avec notre gardien et de nous servir de ses pouvoirs avec justesse et parcimonie, sans chercher à servir nos propres intérêts. Il ne serait pas juste que nous les mages recevions un traitement de faveur sous prétexte que nous sommes des serviteurs de Niantu, tu ne crois pas ? »

Imé comprit. Il avait glissé. Glissé dans son rôle d'émissaire de Niantu dans lequel il s'épanouissait parfaitement. Il avait prié intérieurement et retrouvé la paix, porté par la certitude qu'il avait fondamentalement raison. Trait de caractère qu'Imé trouvait souvent agaçant, mais qui le servait bien cette fois-ci.
Il avait résisté. Pour le moment.
Parler de la religion avait débloqué quelque chose en lui - une sorte de courage, peut-être, une passion en tout cas, qui enflammait ses yeux et altérait son souffle, et lui donnait des ailes. Il se leva de son siège et s'avança avec douceur vers son hôte. Douceur qu'Hisaki ne possédait qu'aux moments où, sûr de lui-même, il s'engageait dans la voie qu'il voulait ouvrir à ceux qui découvraient la vraie teneur du culte. Il se laissa un peu de distance, pour ne pas incommoder le si hautain Serafim, mais le regard qu'il lui lança était perçant comme celui d'un vieux maître en train d'enseigner.

« Dis-moi, Serafim, pourquoi n'es-tu pas un bon croyant ? Je le sens au fond de toi. Tu ne connais pas bien Niantu. Tu penses être un élu. Mais la vérité, Serafim, c'est qu'il n'y a pas d'élus, rien que des hommes, des hommes qui ont parfois la chance d'être un peu mieux pourvus en faveurs divines que les autres. »

Pour Hisaki, Serafim était finalement l'image même du pêché, mais Imé ne savait pas encore lequel des deux triompherait de l'autre.

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