elle s'est toujours considérée comme une artiste. elle a plutôt l'étoffe des inventeurs dont le génie se rapproche doucement mais dangereusement de la folie furieuse.
sous ses abords délicats, sous ce visage qui peine à s'éclairer, elle vit l'intensité de milles vies aussi bruyantes que douloureuses. souvent soucieuse, ses sourcils se froncent alors qu'elle exécute avec brio son art. son visage s'illumine lorsque la mécanique s'enclenche parfaitement, rouages, écrous, fumées - le chaos à engendrer. elle les invente, en prend soin, les crée pour qu'elles soient détruites, qu'elles détruisent avec elles. artiste vous disais-je, matrice monstrueuse, mais pas plus que n'importe laquelle des mères de ce monde.
pas plus que sa propre mère qui offrit à cette Terre bénie le génie dérangé de péitho. elle-même est semblable aux objets qu'elle crée, perpétuellement sur le point de sauter et d'emporter avec elle le monde entier sans réelle volonté de . sous son crâne se multiplie les idées qui galopent en nuées assourdissantes. elles ne s'arrêtent jamais; ses cernes bleues lui donnent l'air fragile d'une condamnée - paradoxale alors que c'est elle qui condamne avec une certaine velléité.

péitho décisionnaire de chaque aspect de sa vie, admiratrice du chaos, effrayée par le laisser-aller et la perte de ses moyens. elle qui ne croit en rien de précis, ne se laisse pas le choix du flou dans son quotidien. elle joue aux échecs contre le destin. tout réside dans le fait de faire un choix, péitho est une calculatrice, une manipulatrice, une usurpatrice qui ne se soucie que peu des répercussions de ses actes tant qu'ils affectent comme elle le veut l'ordre des événements.
minutieuse, elle étudie avant d'agir, réfléchit avant de parler, prend son temps, les bras croisés. elle semble fonctionner dans une temporalité différente, plus lente, un flegme apparent ... calculé.
puisqu'en elle-même, valériane est chaotique, dérangée, habitée par quelque chose qui se fraie lentement un chemin vers la sortie, et qui ne s'arrêtera pas tant que le monde ne sera pas réduit en cendres, armageddon annoncé par le métronome d'un tic-tac millimétré.

elle se sera alors suicidée.
tel qu'elle l'aura décidé.

✛ minutieuse, patiente, intelligente, flegmatique, curieuse, calculatrice, habitée, esthète, un peu tyrannique.

s'il est une chose que valériane a appris très rapidement, c'est que pour justifier qu'elle soit ce qu'elle est, il lui aurait fallu une histoire tragique, quelque chose de mauvais, un événement important dans son enfance qui aurait fait pencher le balance. il lui aurait fallu une fêlure, un truc vraiment dégueulasse qui aurait créé de quoi justifier tout ses torts et ses travers. il aurait fallu que l'inné soit acquis, et vice-versa.

or ce n'est pas le cas.

son enfance est d'un commun qui l'ennuie profondément - en dehors de sa rencontre avec moros, rien n'est vraiment intéressant.
ses parents ne l'ont jamais maltraité, elle n'a même jamais pris de fessée. et d'aussi loin qu'elle se souvienne, ils se sont toujours profondément aimé. elle n'a pas grandit dans le besoin, elle n'a jamais eu à se battre pour s'en sortir.

elle est juste née ainsi, fondamentalement différente de la masse.
pas tout à fait mauvaise, certainement pas bonne. dans un neutre froid où le fait de savoir et de comprendre prime sur tout le reste - la morale y compris. elle n'est pas née dépourvue d'émotions, loin de là, elles sont juste erratiques et comprimées dans un esprit qui ne laisse que peu de place à l'expression de la personnalité.

le seul qui l'ai vu pleurer ou rire ou même exprimer autre chose qu'un flegme assumé, c'est son gardien - parce qu'il prend un malin plaisir à la piquer de toutes les manières possibles et imaginables, et ce, depuis le début.
elle regrette parfois de l'avoir fait naître de son carcan minéral. puis elle se souvient que grâce à lui, sa vie sera moins longue et elle lui pardonne aisément. elle se souvient aussi qu'elle l'a désiré avec intensité, quand elle convoitait cette gemme incroyable que ses parents avaient ramené de leurs exactions aux quatre coins du monde.
n'y touche pas. il lui avait fallu moins de trois petits jours pour comprendre comment atteindre l'objet de sa convoitise, enfermé dans une étagère bien loin de sa portée. et moros était né. et il n'avait jamais cessé de la suivre comme son ombre.

et en dehors de ça, il n'est d’événement marquant que sa rencontre avec néron et son désir de faire partie de son plan.

et très franchement, ça n'est pas la nouvelle la plus réjouissante pour le commun des mortels, et pour caelum. c'est même certainement une catastrophe à une échelle encore insoupçonnée.