Aaron ? L'homme barbu au regard aussi dur que de l'acier, que l'on tente d'éviter au départ. Je dois dire que les gens jugent un peu trop vite et mal mon humain. Certes, c'est un ancien assez vulgaire, ne mâchant pas ses mots - la poésie et lui, ça fait deux, bien que de temps en temps, il se fasse violence -. De plus, vous cherchez à faire quelque chose qui a pour lui aucune logique, il va vous juger ouvertement avec un bon regard froid. Même si votre ego en a pris un coup, cela ne l'inquiète pas le moins du monde. On ne vit qu'une seule fois et elle est assez courte. C'est d'autant plus le cas pour les mages et donc, pour lui. Alors pourquoi se casser le cul à cacher ce que l'on a envie de dire, même si les mots ne sont pas les plus chatoyants.

Même si l'on peut encore se prendre assez facilement le chou - sans que l'un de nous deux décide de céder -, Aaron est une bonne personne. Tout ceci n'est que la première couche. Cherchez donc à bien gratter pour voir le vrai personnage. Celui à qui on peut parler de tout et n'importe quoi. Il y aura peut-être quelque chose qui saura attiser sa curiosité. Vous ne l'appréciez pas toujours, mais pourtant vous vous sentez comme attiré par lui. Son regard peut-être ou sa voix grave - même sa gestuelle pourtant tout à fait normal -. Évitez de trop vous poser de questions, mon humain est juste charismatique, il faut le reconnaître.

Il pourrait vous surprendre sous ses airs de petit vieux amoureux des livres. Sa vie ne se résume pas qu'à son bureau toujours ordonné, rangé. Encore, aujourd'hui, cela lui arrive de quitter Falias afin de parcourir le monde et ainsi, recueillir tout les mystères entourant Caelum - et de la Terre -.

La lumière de la bougie vient éclairer le plan de travail d'Aaron. Un bureau parfaitement rangé, un carnet en de vachettes décoré de motifs frappées et d'une pierre semi-précieuse lassait encore ouverte. Des mots y sont inscrits, même des phrases - surtout en fait -. Parfois quelques ratures non-grossières. Ce carnet n'est autre que le journal de vie de l'historien. Il y relate sa vie passée, ses attentes pour le futur et autres éléments. Sur la chaise, l'homme y est assis, sa tête penchant dangereusement vers l'arrière. Ses yeux sont clos, sa bouche légèrement entrouverte. La fatigue a eu raison de lui. À ses côtés, au sol, son gardien en fait de même.

Leur histoire, ensemble, remonte déjà à vingt-six ans. Que le temps semblent passer vite tout en faisant aussi l'inverse. Cela dépend des jours, de l'humeur.

À cette époque, Aaron n'était qu'un jeune adolescent de seize ans. Il avait vu le jour à Falias dans la région la plus fraîche, mais à la beauté non-négligeable. Comment avait-il pu tomber sur la fameuse pierre ? Un simple hasard au final. L'aventure berce ses nuits, les escapades le menant même jusqu'à des chantiers escarpés. Les nouvelles découvertes sont tellement fascinantes. Elle était là, dans un petit coin, la neige la recouvrant quelque peu. Il l'avait alors récupéré, la laissant presque retomber à terre lorsque la lumière l'aveugla. Encore, aujourd'hui, cet aveuglement reste un moment fort. Par la suite, Nino emboîtait ses pas.

Les premières années furent difficiles, tout deux ayant du mal à s'entendre. Voilà ce que c'est que de mettre de borner ensemble. Il est compliqué que de se raisonner et de trouver un terrain sans obstacles. Toutefois, une profonde amitié commençait à naître. Un lien unique et incassable malgré les remous. Les parents d'Aaron n'avaient pu qu'accepter le nouveau statut de leur unique enfant. Bien que sa vie lui soit raccourcie, il souhaitait la vivre pleinement.

Falias était sa demeure, le reste de Caelum n'étant qu'un plus pour son être. Explorateur n'était pas le mot qu'il préférait, allant plus sur celui d'historien - cela sonnant beaucoup mieux à ses oreilles -. Avec Nino, ils pouvaient se défendre, s'enfoncer dans des coins encore plus dangereux.

De ses nombreux voyages, Aaron avait eu des relations plus ou moins longues - surtout pour une jeune demoiselle originaire d'Idye -. Toutefois, la soif de livres et d'aventures était toujours plus forte. Il était tel le vent, ne faisant que passer, mais creusant quelques vies sur son passage.

Même si maintenant la mort finira pour l'emporter, l'histoire n'est pas encore totalement terminée. Encore de nouvelles choses sont à découvrir. Il faut aussi que le duo réussisse à transmettre leur savoir.