La moue sérieuse de son gardien suffit à lui faire comprendre que cette fois, elle n'y couperait pas. L'homme venait de poser son front contre le sien et il n'y avait aucun doute possible. De la fièvre. Il l'avait entendu geindre que ce n'était rien du tout, à peine un petit rhume. Rhume qui avait quand même duré une semaine et qui s'accompagnait désormais de toux. Gé-ni-al. Le brun soupira en attrapant toutes sortes de choses nécessaires à leur sortie exceptionnelle vers l'horreur de sa protégée.
Un médecin.
Il avait entendu parler d'un qui était compétent. C'est donc lui qu'ils iraient voir, qu'elle le veuille ou non. Il n'eut pas besoin de s'affairer longtemps, elle arrivait déjà pour protester.
« Mais je te jure que ça va ! Je me sens super super bi- »
Dit-elle avant de se mettre à toussoter. L'homme se retourna avec un regard blasé, la priant d'éviter de sortir des âneries. La brunette se résigna, se laissant tomber dans un fauteuil de leur maison.
Elle avait toujours eu horreur de ça. Les médecins. Qui aimait ça, en même temps ? C'était des oiseaux de malheur, des rapaces qui attendait le bon moment pour quémander de l'argent contre la vie. Incroyable.
Elle noircissait le tableau, bien sûr. La vérité, c'était surtout qu'elle n'aimait pas trop qu'on touche à ce qui se passait à l'intérieur – quoi qu'il s'y passe. Le brun aux yeux ambrés se dressa devant elle, l'intimant de bouger. Noooooooooon...
Son gardien avait donc fermement saisi sa main et la tirait maintenant au dehors, plus qu'elle ne voulait bien marcher. Résistant du mieux qu'elle pouvait – et c'était peine perdu, Noctis était bien plus fort qu'elle, pas seulement physiquement – la jeune femme tentait de ralentir leur course vers son agonie.
« Oh, ça suffit Lyphie. Tu m'as déjà fait le coup l'année dernière et si tu te souviens bien tu avais dû passer trois jours clouée dans ton lit.
-Mais justement c'était l'enfer ! »
Il leva les yeux au ciel. Cette fille. Il inspira un grand coup. Patience, patience.
« Peut être que ça n'aurait pas été l'enfer si tu n'avais pas laissé traîné ça ? »
J'vous jure. Elle détourna le regard, préférant l'ignorer.

Le cabinet se situait dans le centre ville. Pas très loin du magasin de ses parents, mais elle ne souhaitait clairement pas leur rendre visite – et encore moins dans ces conditions. La visite aurait pu être agréable si elle ne ressentait pas cette envie quasi permanente de tousser. La jeune femme préféra cacher son visage dans son foulard, posant ses yeux vers le sol. Le duo y pénétra pour y découvrir un endroit bien trop propre et y brillant. Est-ce que c'était vraiment un cabinet, ou bien avait-il affaire à une sorte de maison de riche ? Ugh, quand elle disait que les médecins profitaient de leur argent. Noctis ne s'en formalisa pas et préféra rejoindre l'accueil pour expliquer leur problème – son problème. La jeune femme préféra s'installer sur un des sièges de la salle d'attente. Elle aurait tout aussi bien pu s'y endormir, vu le confort. Son gardien la rejoignit quelques secondes plus tard, préférant posant une main sur le front de sa protégée. Il grimaça. Ça ne baissait pas d'un pouce. Au moins, il espérait que les compétences du médecin en question n'était pas juste du flan. Vu l'endroit, il aurait tout aussi bien pu acheter la moitié de ses clients pour se faire de la pub.
Et maintenant ils attendaient.

Ils accueillirent le médecin avec des réactions différentes. Le jeune homme retrouva son air sérieux et s'efforça de faire preuve de politesse, là où sa compagne préféra s'enfoncer dans le fauteuil et détourner le regard. L'homme qui les accueillit arborait une chevelure rousse, une démarche claire et l'air vraiment jeune. Si Noctis avait dû lui donner un âge, il ne l'aurait décalé que de deux ou trois ans de celui de sa protégée. Ses sourcils se froncèrent légèrement, conscient que l'âge était rarement  une manière d'identifier le talent. Cela étant, ça ne conformait pas exactement aux descriptions qu'il avait pu entendre. Tant pis. Il était trop tard pour reculer et même s'il n'était pas l'homme dont il avait entendu parler, aucun docteur compétent n'accorderait sa confiance sans réfléchir.

Il sentit Lyph tenter de décaler sur sa gauche, sans doute pour fuir. Néanmoins, la poigne du gardien la força à se lever et à suivre les deux hommes vers une pièce plus confinée. L'étalage de richesses n'était pour autant pas moindre, mais le brun nota ça et là divers livres et documents. Une bibliothèque y était même présente, mais ce n'était pas le moment de se montrer curieux. Il s'installa, rapidement suivi de sa protégée qui tâchait de garder contenance. Il se présenta sous le nom d'Ulrich Von Rosen, ce qui permit d'identifier l'homme comme étant le fils du médecin. Probablement. En vérité, il aurait tout aussi bien pu être son neveu ou son petit-fils, sa seule certitude était qu'il s'agissait d'une affaire de famille.
« Bonjour, merci de votre accueil. Il marqua une pause, hésitant à statuer leur relation. Noctis. Et voici Lyph Flavelle. »

Elle observait la pièce avec minutie. Comme s'il fallait en trouver les défauts, un prétexte, n'importe quoi pour ne pas être ici. Qui plus est, elle ne pouvait s'empêcher de remarquer la jeunesse du dit médecin, ce qui ne la rassurait pas davantage. La mage était mal à l'aise, mais elle laisse son gardien poursuivre.
« Au début, ce n'était qu'un mal de tête, suivi d'un rhume. Il jeta un regard noir à l'intéressée. Soit disant. Cela doit faire une semaine. Elle s'est mise à tousser hier et maintenant elle a de la fièvre. »
Son gardien se tourna vers elle, comme pour la prier de ne rien omettre, cette fois. La demoiselle se redressa légèrement, lâchant quelques toussotements au passage.
« Je... J'ai mal à la gorge, aussi. Nouveau regard intransigeant. Depuis trois ou quatre jours. »
Elle sentit ses pommettes se colorer. L'ombre sous les pieds de son gardien s'agita. Anxieux ou énervé ? Elle aurait opté pour la seconde option, mais la mage le connaissait suffisamment pour savoir que sa patience légendaire suffirait pour l'instant. Il lui ferait la morale une fois guérie, sans doute.
Il se contenta donc d'un regard mesuré vers le médecin. Le gardien retint un soupir avant de reprendre la parole.
« Vous pouvez faire quelque chose pour elle ? »