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« Il y a bien longtemps avant même que les gens n'habitent dans le ciel. Une guerre terrible éclata entre les hommes et une Déesse malfaisante. Après des combats sanglants, nos ancêtres aidés de Dieu scellèrent le pouvoir de cette Calamité. Puis quittèrent la terre souillée et stérile pour construire leur avenir dans le Ciel. »
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{ Did I kill anyone? || ft. Nepty ♥
 :: Gear V1 ()
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Did I kill anyone? || ft. Nepty ♥, par Invité ► 23/6/2018, 23:33 ►

   
“The symbolic language of the crucifixion is the death of the old paradigm; resurrection is a leap into a whole new way of thinking.”
Music

E n v o l .
Les oiseaux étendaient leurs ailes de lumière,
Dévorées par l’Astre brillant,
Mère et Père de toute une civilisation.

Il était là,
Dans cette foule.
Là,
Ombre parmi les hommes,
Fantôme parmi les vivants.

Là,
A se tenir parmi eux,
Loup au sein de la bergerie,
Se délectant de toutes proies qu’il croiserait.

Anathema marche,
Cherche un sens encore dissonant à sa vie.
Des mots à ses pensées,
Des penchants à ses idées,
Des lignes pour résumer toute une vie vide de sens.

De l’encre pour emplir ses veines,
Donner de vives couleurs à son être autres que les ternes stigmates qu’il porte en lui.

Anathema sait,
Esquisse un sourire creux derrière son demi-masque (clique keurkeur), laissant apercevoir ses fines lippes hâves. Oiseau entre les hommes, rapace nocturne de plein jour, se moquant éperdument des rayons assassins qui se jetaient sur le blanc immaculé des quelques mèches qu’il laissait entrevoir. Derrière ce masque de cuir et plumes. Extravagance. Étrangement coupée par une tenue sobre. Grisée et sombre. Une ombre au profil particulier, qui se fond sans se fondre. L’ombre elle, son ombre, était accolée à lui.

Anatemnein observait,
Laissait ses rubis parcourir les rues et paysages. Prenait plaisir à imaginer de quelle façon lugubre il en finirait avec chaque âme croisée. Les pendrait-il? Les écorcherait-il? En ferait-il des oeuvres, sans noms et méconnaissables, pareillement à son frère? Le meurtre lui manquait, en ces quelques jours de pause depuis leur altercation avec leur dernier contrat. Une morveuse, riche dignitaire, aux secrets bien gardés et cætera ; il en roulait déjà des yeux à y penser. Le visage classique de la gamine aisée que tout le monde voulait claquer. Lui y compris. Non. Sa figure était bien trop quintessenciée, porcelaine ornée de pierres précieuses. Saphirs étincelants. Il voulait quelque chose de beau pour elle. De splendide.

Sirène sortie des flots, échouée sur ce bout de terre volant. De l’eau ; puis quelque chose d’aérien. Sa mort se dessinait. se traçait en son esprit, si bien qu’il en arborait un sourire morbide, tous rubis plongés dans l’anthracite de son frère.

Anathema le défigurait.
Comprenait, ressentait cette soif qui animait son compagnon. Ce dépit d’avoir laissé une proie filer contre une belle somme. Il aurait pu refuser. Il aurait pu accepter. Il avait accepté. Sans comprendre pourquoi, Possédé par des raisons qui le dépassaient. Cette sirène, elle lui restait dans le crâne, image translucide qui se débattait pour s’en extirper. Il l’avait clouée, mortifiée, pris ses ailes et nageoires. fait d’elle une statue à la magnificence figée, rebelle de tout temps passé. Une beauté singulière, simple. paisible. Loin de tout artifice. Il la voulait morte à présent. Son contrat rompu, pouvait-il s’y attarder?

Non.
Il était demandé en ce jour. Un client soudain ; un peu trop à son goût, qui avait une affaire on ne peut plus  importante à lui confier. Une tête couronnée de lys, épanché dans les jeux politiques. Rongé jusqu’à l’os, corrompu dans le goudron infect des plaisirs onéreux. Un client idéal en somme. Il s’était renseigné, avait fat courir le bruit au sein du Skull et de la Sphère. Les clients ne le choisissaient pas. IL les choisissait. Décidait pour eux si oui ou non leur requête valait ces mines déconfites, corrodées par l’envie, la peur, ou la culpabilité. Ils n’étaient rien pour lui, que des affaires. Des faciès inanimés, de cires, aux teints impartiaux. D’autres mannequins monochromes qu’il peignait si l’envie lui prenait. Ses pas finissaient par le mener en périphérie de la somptueuse capitale, sur quelques notes guillerettes, son Gardien ayant lancé la mélodie le premier.

C’était leur tic, à eux. Chanter constamment. Louanges, marches funèbres, sonates, valses. Ils chantaient, comme pour combler un vide dont ils avaient affreusement conscience mais qu’ils ne ressentaient pas. Un geste anodin, des amarantes ouvertes aux yeux de tous. Fleurs pour eux, salut pour les deux compères. Messages implicites, lettres explicitées. Liens ténus, dont eux-seuls étaient les tenants. Se tenait finalement après quelques pas sur les rues pavées ; entrailles sombres de la ville où toute sa majesté chutait peu à peu, offerte à une atmosphère plus oppressante ; la silhouette pour qui ils étaient venus.

Aussitôt le gardien disparaissait, jouant des rayons pour devenir successivement sol, puis dalles. Puis rien. Néant. Oublié. Il jouait avec les regards. Les ombres. Les lumières. Illusions et stratagèmes. Tromperies. Il se jouait d’eux, du monde. Venait se faufiler d’un pas léger, inaudible, prédateur qu’il était derrière leur commendataire. Un homme dans la fleur de l’âge, aux cheveux grisonnants. Soigneusement coiffés en arrière, tiré aux quatre épingles. Étouffait-il, dans cet accoutrement habillé dans un lieu où ce que l’on est et renvoie est le cadet des soucis? Seule sa cravate, d’un violet fort agréable, contrastait avec la solennité de sa tenue. Venait-il pour un enterrement, celui de son contrat? Ses azures marines se posaient sur l’oiseau qui s’était mis face à lui, un sourire circassien aux lippes. Celui-ci écartait les bras, entamant une ronde de quelques pas autour de lui.

« Lysandre Moorhair, n’est-ce pas? Une âme bienveillante dans les hautes sphères de l’armée paraîtrait-il. Un parcours exemplaire. Un modèle pour tous. Pourtant, vous trempez dans ce milieu. Dans ce charbon qui vous obstrue les poumons. Dites-moi, mon cher, Lysandre... »

Il se penchait subitement, son visage proche du sien, un sourire tordu aux commissures, ses mains glacées ; éthérées, s’enlaçant autour de lui. Il était sa proie, son prisonnier. Il savait tout de lui, dans les moindres détails. Menait cette valse d’une main de maître. Jouait avec sa nouvelle poupée de chiffon. Chiffon précieux, de soie. Il ne fallait surtout pas le froisser. Surtout pas.  Et tout ce poids soudain, lourd, transparaissait sur le coeur du commendataire. Savait-il dans quoi il se lançait, à monnayer une vie avec lui? Il s’en léchait presque les lippes, laissait ses mains arachnéennes, poussiéreuses parcourir cette âme enchifrenée, prise d’un froid brusque. Figée dans les glaces. Emprisonnée dans les ténèbres placides et gelées. Impassibles.

Il restait droit dans ses pompes malgré tout, cachant les doutes qui gouttaient un à un sur son visage. Perdant quelques années au profit d’une figure plus dure et inquiète. Il le lisait, savourait tout ce que ce parfait inconnu, auquel était étiqueté le prénom de Lysandre lui renvoyait. Une fois sa danse terminée, il se reculait sans un mot, sec.

« Qu’est-ce qui vous amène ici? Une tête à mettre à prix? Une affaire sordide à étouffer? Des rumeurs peu favorables pour vous? Que souhaitez-vous me monnayer? »

Son exhalation était retombée, lissée sur les dalles parfois incrustées dans les terres du sol. Dalles timides, qui disparaissaient à chacun des pas de l’assassin vers son nouvel employeur. Il avait fait fi des manières circassiennes, s’était vêtu d’une robe obscure et opaque : terriblement lourde à porter pour eux deux. Il montrait à présent le visage du prédateur, tout sourire gommé, un oiseau de proie qui engloutissait sa proie de ses mirettes fixes. Alors Anatemnein apparaissait, agrippant de ses multiples mains l’homme pour se hisser derrière lui, son souffle frôlant son cou.

« T’es pas tranquille, toi. T’es sûr que t’es pas en train de t’pisser d’ssus suite à ta demande? T’vois, lui il te sent peut-être, mais pas moi. Alors, même si t’es un grand mec connu d’tous, un soldat et ce genre de broutilles, moi, j’ai bien envie de te buter. Là, tout de suite. Butin ou non. »

Ses doigts venaient trouver la gorge de l’homme, délicatement posés dessus. Emprise à peine désirée, étreinte volontairement mortelle. Le Gardien appuyait son contrôle, se savait à portée de rien, si ce n’est que de l’asphalte mourant entre les racines de la végétation dense autour d’eux. Un long soupir s’échappait de ses lippes. Son regard coulant derrière lui. Il était suivi. Le savait parfaitement et en cela, se décida à écourter.

« Ana, laisse-le filer. Nous avons autre chose à régler. Mon cher Lysandre, retenez bien que j’ai votre visage en tête. Que j’ai toute votre vie entre mes mains. Chaque parcelle de votre être est mienne. Chaque détail de votre vie m’appartient. Comprenez-vous le message? Nous nous reverrons, si le lieu et le temps s’y prêtent. »

Alors elles se desserraient, s’écoulaient le long de son corps, de ses muscles et os. Retrouvaient les lignes étranges du gardien. Il se retirait, venant se ranger aux côtés de son frère, ses rubis enfoncées dans son anthracite.

« Il te prend quoi de ruiner mon seul moment d’amusement? C’est à cause de la sirène? Tu crois que j’l’avais pas captée, elle aussi? »

Anathema ne réagissait pas, ses pupilles vaironnes axées sur le militaire qui lentement s’évaporait au vent. Il se savait condamné au moindre faux pas. Néanmoins là n’était pas le problème. Le souci était leur chère sirène, qu’ils avaient chacun crucifiée et hardée à leurs façons. Un sourire venait éclairer leurs visages, presque enfantin. Aussi incongru qu’innocent.

« Tu nous as payé pour que l’on t’épargne, Lady. Que nous veux-tu? Vie à monnayer, ou vie à donner ; ici présente, la tienne? »

Les deux silhouettes s’avançaient calmement vers le Saphir qui les observait. Pierre précieuse dans un monochrome cristallin. Couleur unique. Plaisante à tailler et sculpter. Ils la voulaient.
acidbrain
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Did I kill anyone? || ft. Nepty ♥, par Invité ► 28/6/2018, 13:34 ►
Did i kill anyone ?
If I stay with you, if I'm choosing wrong, If I'm losing now, but I'm winning late, i don't care at all  xxx  Ft. Anathema
Song - My life is going on.


CLAIR DE LUNE.
Ciel rond, couleur carbone,
Un myosotis qui éclot parmi les ombres.

Le soir résonne lentement.
Une sonate cantilène au hâve clair dont Neptune s’accommode sans mal. L’enfant s’est faite sobre ce soir, a délaissé la dignité des vêtements pour ne conserver que celle de sa stature ; simple tenue de lin cintrée à la taille où se dessinent en filigrane des gemmes rouges, des couronnes ornées par des joyaux de lune. Torsion démente quand elle marche, froisse avec délicatesse les dalles d’asphalte blanche sous ses pas ; une ombre toute aussi pâle à ses hanches, louve se déplaçant avec prestance comme si elles n’étaient qu’une. Elypse. Autour d’elles, les rues se font gardiennes de la nuit. Conservent en leurs iris le secret de rencontres importunes, de destins qui se jouent au profit de quelques autres ;
Elles marchent. Suivent une ombre, dans un quartier connu pour se défaire de toutes règles et de toutes contraintes. Ne s’attardent ni sur les lys dégrafés ni sur les murs fleuris d’amarantes.  Quelques fois elles se font silencieuses, lèvres closes par une discrétion forcée ; d’autres fois encore, de rares murmures s’échappent, comme pour atténuer l’étrangeté de la situation.  

— C’était une mauvaise idée, murmure Elypse d’un ton délicat, mais qui présage d’une correction bien plus sévère une fois qu’elles seraient toutes deux rentrées (si elles rentraient). On ne devrait pas être ici.
— Peut-être, mais maintenant que nous y sommes, autant continuer !

L’enfant répond d’une voix douce, reprend sa danse. Son cœur bat fort dans sa poitrine, dépose des baisers dessinés sur ses lèvres, sur ses paupières. De crainte ou d’expectation, Neptune ne saurait pas le dire ; les sentiments se tracent doucement aux lisières de son esprit, se font lanterne, et elle les suit à l’aveugle sans jamais essayer de les saisir.  

Elle avait été bien trop curieuse, encore une fois.
Avait voulu comprendre, plier dans l’immortel ce qui se réserve normalement à la fugacité ; ciseler sous ses doigts le souvenir, préserver un fragment du danger, du vide, de l’adrénaline. Hantée par cet instant infini mais pourtant déjà fini où, une semaine plus tôt, elle avait proposé à un assassin d’épargner sa vie en échange d’une somme d’argent plus importante que celle qu’on lui avait offerte. Et chaque soir, l’enfant se souvenait inlassablement des diamants sous ses doigts, pierres amarantes ciselant son dos d’enfant alors qu’il se jouait d’elle, se faisait tour à tour prédateur et carnassier, rapace et sonate. De leur valse, un contrat social tracé sur leurs poignets par quelques pièces d’or ; de son propre cœur, d’abord tordu par la peur puis par un sourire étrange, jovial d’avoir encore une fois triomphé au jeu de la politique.

Elle était blanche, il était son monstre aux cheveux de lune.
Elle était rêve, il était devenu son cauchemar.

Après son départ, elle avait fait des recherches.
Avait découvert son pseudonyme – Anathema –, sans parvenir à froisser l’épaisse chape de carmin, la discrétion qui entourait son nom.
Avait organisé une entrevue avec l’un de ses maîtres d’armes (Lysandre Moohair) pour faire assassiner le commanditaire de son meurtre, sans jamais avouer au militaire qu’elle le suivrait – parce qu’il aurait refusé, sans aucun doute possible.

Dix minutes plus tard, ils s’étaient arrêtés.
Lui, droit et soigneusement plié dans un rôle qu’il ne maitrisait que peu, les mains carmines, cheveux carbones coiffés d’une assurance silencieuse, revêche ; elle, plus discrète et lunaire, dont les pas s’étaient faits pudiques lorsqu’elle s’était dissimulée dans le creux de l’asphalte, derrière un amas de caisses en bois et d’ébènes putrescents. Elypse elle-même en équilibres entre deux paumelles, silencieuse ; une âme dont elle se faisait jumelle, avec sa longue chevelure blanche nouée en astres sur ses épaules.

Et enfin, après quelques minutes d’attente, l’autre. Troisième âme discrète et assassine que la lune n’esquissait qu’un pas sur deux, à coups d’estampes grises et blanches ; un danseur si habile et si discret que l’asphalte ne se découvrit pas d’un seul soupir alors que l’homme se glissait derrière le maitre d’arme. Anthracite polie, un peu décharnée que Neptune reconnaît malgré son masque différent, rapace plus que félin ; déjà l’enfant se love derrière l’ébène, appuyant ses mains sur le bois tendre pour conserver son équilibre. Instant suspendu. Possibilités tracées. L’Opale ouvre les bras, commence à marcher autour du maître d’arme ; et c’est avec hésitation qu’Elypse, à l’ouïe plus puissante que la sienne, lui murmure les premiers mots de leur discussion.

— Lysandre Moorhair, n’est-ce pas ? Une âme bienveillante dans les hautes sphères de l’armée paraîtrait-il…

Alors Neptune observe.
Note chaque ombre, chaque hâve amarante. Détaille les instincts carnassiers. Se fait miséreuse lorsqu’elle reproduit sa chorégraphie, étiquetant un à un chaque geste, chaque masque, chaque émotion factice. Doutes, assurance. Dignité, orgueil, menace. Joueur. Maître de chaque seconde dont il délie délicieusement le temps, teintant la ruelles d’agates battues, de doigts d’honneur à la lune ;

Il joue. Elle joue avec lui.
Elle sent la valse. Les minutes qui s’accélèrent, s’affolent, effacent les dalles sous les pas de l’assassin.
Elle sent l’absurde, le sourire sur ses lèvres, jumelles aux siennes ; les traits qu’elle devine tour à tour tordus et lissés sous le masque, comme s’ils se soulevaient en deux émotions contraires.
Reste immobile malgré les protestations d’Elypse lorsque son gardien s’accroche à la nuque du maître d’arme, susurre des menaces dans le creux de son oreille.
Observe progressivement Lysandre Moohair s’écarter, puis s’estomper sous l’œil de la lune.

Devrait-elle avoir peur ?
Devrait-elle craindre cette chorégraphie meurtrière, rendue réelle par les amarantes accrochées à la nuque du maitre d’arme ?
Devrait-elle souffrir de voir si près d’elle une âme qui avait manqué de lui ôter la vie ?

Elle ne souffrait pas. Ne s’apeurait pas.  
Au contraire.


Elle l’avait observé, cette opale sanguinaire, avec une fascination presque morbide. N’avait pas pu en conclure grand-chose, sinon qu’il se rendait réel par une multitude de rien. Par une somme de néants trompeurs, colorés pour détourner l’attention, masquer le regard. Faire croire à des sentiments que l’assassin ne ressent sans doute absolument pas. Un manipulateur, une figure sournoise, polichinelle sans maître qui pourrait l’assassiner une nouvelle fois sans éprouver le moindre remord. Et les agapanthes éclosent sous ses paupières, se font roses d’un soir ou possibilité d’une nuit. À cet instant, Neptune prend conscience de sa position si délicate ; celle d’une tiare fragile que l’assassin pourrait érafler à chaque instant, si Elypse ne se tenait pas aussi près d’elle.
S’il la voulait, elle en payerait le prix.
Elle mourrait, sans que personne ne le sache.

Alors pourquoi
Est-ce qu’elle le trouve
… Fragile ?


Le regard de Neptune se fait noir, abysse jumelle à celle du ciel nocturne. Une nouvelle fois, elle indique à Elypse de taire ses doutes, ne daignant pas même se figer lorsque son opale se tourne vers elle. Lui murmure quelques mots, plus vibrants, qu’elle parvient cette fois à discerner sans l’aide de sa gardienne.

— Tu nous as payé pour que l’on t’épargne, Lady. Que nous veux-tu ? Vie à monnayer, ou vie à donner ; ici présente, la tienne ?

Mots économisés. En demi-teinte.
Pas une seule syllabe en trop, des sous-entendus qu’elle n’entend qu’à moitié ; elle ne lui répond pas immédiatement, attend qu’il se glisse vers elle ; alors Neptune se meut. Ses prunelles se font astres, se lèvent jusqu’à ses jumelles alors que ses mains la hissent, à leur tour, au sommet des caisses en bois. Deux mètres, peut-être un peu plus, qu’elle franchit avec aisance, gestes aussi doux que de l’air, égrenés par la nuit – elle avait été aveuglée de pudeur –, jusqu’à ce que ses jambes heurtent la surface raide et ronde de l’ébène et qu’elle s’y assoie sur les genoux.

Elle sent le danger. La déchéance. La mort.
La détresse.
É v e i l.

Lentement la jeune fille se glisse au bord de la caisse. Ses jambes se croisent, ses mains s’appuient contre l’ébène ; elle le surplombe légèrement, l’observe sans hargne. Elypse s’immobilise à ses côtés, vive, la queue enroulée autour du bras de sa liée en signe de protection – flammes se faisant rougeoyantes sur son dos en outrage à l’obscurité. Lui s’était arrêté, l’observait maintenant. Alors Neptune se grandit, cambre le dos, pose ses doigts sur ses paupières, ouvre la gorge ; parant ses lèvres de ses plus belles couleurs, alors qu’une voix soprane, porteuse d’une enfance mensongère, vient rompre leur étrange confrontation.  

— Je n’ai rien à monnayer, assassin, qui puisse t’intéresser. Je ne crois pas que tu fasses grand fi des intrigues politiques ou des informations confidentielles. Du moins, tant qu’elles ne concernent pas ce pauvre sir Moohair.

Un sourire digne froisse ses lèvres, tombe sur sa nuque ; laisse un éclat rieur dans le fil de ses paupières alors que son regard se perd distinctement à dessiner le masque du jeune homme. Traits blancs et secs se faisant nuées grenat sous deux iris curieux.

— J’ai du mal à croire qu’un assassin se laisse aller à tant de fantaisie, ajoute-t-elle d’une voix songeuse. Je dois avouer que je suis intriguée. J’ai eu du mal à te trouver. Il est étrange que tu tiennes autant à te dissimuler alors que tu te comportes de manière aussi théâtrale. Il est d’autant plus étrange que tu prennes plusieurs rôles lorsque tu ne portes qu’un seul masque. Ce qui est d’autant plus factice, parce que ce n’est pas le visage que tu me montres que tu utilises pour danser.

Demoiselle du soir, elle désigne lentement son masque, puis la partie de son visage que l’opale n’avait pas recouvert ; les lèvres, la mâchoire, la naissance du menton. Puis ses doigts se posent à nouveau sur l’ébène, appui stable qui lui permettrait de réagir plus vite en cas de danger.

— Ce ne sont que des interrogations, bien sûr. Rien ne t’oblige à me répondre, mais au moins sauras-tu que la curiosité est la seule raison de ma venue.

Mensonge. Découvrira-t-il qu’elle ment ?
Les raisons sont multiples. Néant unes à unes.

Alors lentement Neptune croise les jambes, se redresse un peu sur la caisse pour s’éloigner de lui, prunelles cherchant les anthracites qui lui échappent ;

Inquiète mais pas effrayée.
Réfléchie mais pas prudente.
Les iris gravés dans un éclat de bleu.
Rp 1 - codage par Alcyon ♥
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Did I kill anyone? || ft. Nepty ♥, par Invité ► 28/6/2018, 18:50 ►

   
“The symbolic language of the crucifixion is the death of the old paradigm; resurrection is a leap into a whole new way of thinking.”
Music

E l é g a n c e .
Il se pavanait devant l’astre,
Chorégraphie aérienne
Ouvrait ses pétales au monde.
Le surplombait,
Ce lys unique.

Songeur,
Il s’était perdu dans le détail des courbes de ce lys si particulier. Éclot au milieu de nul part entre quelques briques grisâtres et lugubre. Un contraste fort. Violent. Intense.
Anathema ne la dévorait guère des prunelles. Non. Il s’était abandonné à son être tout entier, à cette sirène ; figure de proue sur un navire en chambranle, attendant. Attendant ses douces paroles, ces notes délicieuses qu’il se ferait plaisir de faire jouer entre ses lippes cireuses. Ils n’avaient rien d’égal à égal. Peinture déséquilibrée, où Saphir innocent et étincelant attirait le regard. Rivé vers les cieux, il faisait de cette atmosphère la sienne. Possédait le temps tout entier. Et lui, Rubis délaissé, à la couleur terne, observait. Cette couleur vive, si noble. Ce bourgeon de lys qu’il pouvait cueillir. Il lui suffisait de tendre le bras, délier ses doigts. Et s’en emparer. Le soustraire à son décor, dévoiler un à un ses pétales pour les déchirer. S’orner d’une robe précieuse et à son tour noble. Le faire sien.

Alors il écoutait,
Étrangement droit, pierre polie par les brises fraîches de l’air. Son gardien dans son ombre, tous rubis fixes sur les deux êtres qui les couronnaient. Calmes. Presque agaçants à ses yeux. Il les voulait, lui aussi. S’octroyer ces rares pierres, les tailler et s’en parer tel un collier à l’esprit fragile et brillant. Une balance de fortune, entre l’interdit et le possible. Portes allogènes ; une fois poussées, menaient à nul chemin si ce n’est que celui qu’il empruntait. Les porter auprès de lui, pour se rappeler à quel point elles sont exquises. Seulement, son frère n’avait point agit. Du moment. Fascinant. Fasciné. Une scène singulière de deux gemmes qui se reflétaient tour à tour leurs éclats. Qui se lisaient et découvraient. Laissaient leurs mains curieuses révéler le cristal qu’elles renfermaient. Anatemnein le savait. Seditio comme Anathema avait jeté son dévolu sur cette morveuse qui ; si ce n’est sa beauté inhabituelle, était simplement une couleur fade et sans intérêt. Il n’attendait qu’un seul pas. Un seul pas vrillé. Pour que les pivoines carmines fleurissent l’asphalte opalin.

Un sourire.
Le gardien le percevait.
L’entrevoyait entre les vagues plumes du rapaces.
Dessin dérangeant.
Traits brouillons parsemés d’émotions en demi-teinte.


Perturbant.
Anathema roulait du cou contre son épaule, un faciès déstabilisant gravé sur ses traits. Des commissures sèches, rictus multiples. Bardés d’ébène. Puis d’anthracite. Terminés par une pointe de lilas, chrysanthèmes entre les dents. Ses questions l’amusaient. Sa personne l’amusait. Tout de ce Saphir l’attirait inexorablement. N’avait-il que cela à faire? Que de le passer à la loupe? Que d’éplucher les sous-couches rocailleuses du rubis éteint qu’il était? Le Lys analysait, se parlait à lui-même, l’invitant dignement à entrer dans ses pensées. N’avait aucune monnaie à échanger. Aucun souhait à formuler, si ce n’est que l’implicite de le découvrir. Le décortiquer pour l’épingler aux tableaux de son esprit, ouvert à tous. Dans tout son être.

« Combien? »

Elle s’élevait,
Rongée par l’amusement,
Étouffée par l’envie d’étendre ses doigts jusqu’à sa gorge délicate pour la briser.
Échos amusés, tonalité chantante, le rapace prenait la parole.
S’accaparait à son tour des mélodies nocturnes.

« Combien me paierais-tu pour ces réponses? Tu n’es pas ici par simple curiosité, Lady. Autre chose t’a amené ici. Tu te tiens face à moi, assurée sans l’être, ton gardien un peu trop le qui-vive. Craindrais-tu que je brise ma parole et te tue? »

Il haussait les épaules, soupirant, Anatemnein se glissant près de lui, le visage placide. Une simple proposition dont il était maître de rejet ou d’acceptation. Il ne cherchait guère à la cacher. La laissait résonner entre les dalles laiteuses.

« Pourquoi ne le ferais-tu pas? Elle te fait pas un peu chier, non? »

Ils coulaient vers lui, vifs.
Iris piqués.

« Ce n’est pas ce que je désire pour elle. Ce n’est pas non plus ce que tu désires pour elle Ana, ne me la fait pas. »

Un rire enfantin, tapotant la tête du gardien dont les rubis s’étaient rétrécis, méfiants. Puis élargis avec ses lippes, dévoilant un sourire sordide.

« Tu m’prends par les sentiments maintenant? »

Il ne répondit rien.
Un sourire ambigu, ses mirettes vaironnes venant de nouveau trouver réconfort auprès  des azurites couronnées.

« Pardonne la rudesse Lady. Moorhair ne m’intéressait guère, quelque chose clochait et il semblerait que j’avais vu juste. Ma personne, théâtrale? »

Il se reculait soudainement, ses mains venant trouver ses cheveux pour les brosser en arrière, laissant celles-ci glisser vers une cravate imaginaire qu’il rehaussait sans grande peine. Pieds liés, il formulait une courbe de l’échine, l’anthracite plongée dans les céruléennes de l’enfant.

« Je ne vois guère ce que vous sous-entendez, ma chère! Il vous tarde ainsi de voir ma collection de masques?»

Une moue étonnée, sa voix à présent aiguë, colorée d’une surprise immédiate.

« Voilà qui est plaisant et embarrassant! Pour cela il faudrait que vous me suiviez, Princesse. Néanmoins votre vie n’est plus garantie.»

Brutal.
Le ton retombait alors qu’il se dévêtait de son rôle et masque factice, ne laissant qu’un rapace au regard glacé.

« Tout autour de nous est un immense jeu, il serait dommage de ne pas y participer. Les masques sont d’autant plus accessoires que le sont chaque visages et expressions. A être tous pareils, le monde ne serait-il pas ennuyeux, Lady? »

L’anthracite avait dérivée vers les cieux à cette question ouverte, l’oiseau posé à quelques mètres du Saphir. Un pas léger. Félin diurne à peine décelable. Il n’avait point oublié. Qu’il la voulait. Qu’ils la voulaient. Elle lui proposait un jeu. Il s’y jetait volontiers. Du temps à perdre, il en avait en cette journée.
Son prochain contrat n’allait pas mourir.
Pas sans son aide.
acidbrain
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Did I kill anyone? || ft. Nepty ♥, par Invité ► 29/6/2018, 15:11 ►
Did i kill anyone ?
If I stay with you, if I'm choosing wrong, If I'm losing now, but I'm winning late, i don't care at all  xxx  Ft. Anathema
Song - Thanathos


Royale.
Oiseau de proue, myosotis nocturne,
Saphir ébréché, drainant à elles toutes les couleurs du monde, sauf l’ébène. Tiare sans couronne. Diamant taillé de carbone, peau tant déchirée qu’elle en paraît lisse ;

Neptune l’observe.
Ne quitte pas des yeux son assassin, peu importe l’adresse de sa danse ou la dangerosité de ses mots. Une dangerosité dont elle se sait jumelle, malgré son cœur qui parfois s’accélère dans sa poitrine, enraie les battements de sa cage thoracique. Le souffle chaud d’Elypse, contre son cou, l’apaise légèrement. Lovée contre elle, la dame se fait impatiente ; roule son crâne contre ses genoux, une grimace tordue sur les lèvres, tandis que ses iris navel déchirent et encore toute possibilité de nuit. Délicate, la main droite de l’enfant se glisse sur le crâne de la louve, effleurant rémiges blanches et tatouages carmin. Comme pour l’apaiser, lui dire que tout se passera bien, encore ; qu’elles ne mourront pas ce soir. Ne devraient pas mourir, tout du moins.

Et pourtant, elle ne peut l’ignorer,
Cet instinct de survie.
Qui martèle ses tempes, ébruite son cœur.

Déchire les possibilités, bagne de ses poumons devenant aussi léger qu’une aile alors qu’elle s’applique à respirer à un rythme régulier, à observer sa danse sans y prendre part – conserver sa propre partition. Note chaque geste, chaque souffle. Tente de comprendre l’enchainement des masques, des idées, des propositions ; rendant réelles, sous ses paupières, des images destinées à n’être qu’insaisissables,

Il joue.
Se fait oiseau ou rapace selon les rôles, module sa voix, élance ses paupières ; compose une partition ; laisse lentement éclore, sur sa peau fine, des œillets ou des chrysanthèmes, témoins de cette confrontation silencieuse. Les deux gemmes se découvrent, s’explorent sans geste, bien plus puissantes dans leurs éclats qu’avec les mots qui masquent leurs sentiments ; se jouant chacun l’un de l’autre d’ambitions qui, bien que claires, se dissimulent encore par pudeur.

la tuer
le comprendre et le vaincre.

Elle le sent.
Que rien ne peut capturer cette âme blanche, sinon lui-même. Une opale cendrée, polie par ses propres pensées. Ciselées par ses désirs, ses besoins. De ce genre d’âmes qu’elle admire en un sens – en est une elle-même –, capables de se faire fit des lois, des existences humaines. De nouer le masque juste pour dénouer la cadence, la rythmique folle d’une vie qui se plisse entre ses doigts et s’échappe de ceux qui voudraient la contrôler.

Ils ne considèrent personne.
Sont écueils sur l’océan. Îlots au milieu des verrières.
Capturent l’ombre comme la lumière sans distinction aucune ; parce que tous deux
Se subliment.
Identiques.

Alors Neptune reste immobile dans sa splendeur d’ébène, ne réagit pas aux premiers mots de l’assassin, le laisse se découvrir ; seules ses chevilles, découpées par le noir de la ruelle, se heurtent parfois sur le bois en signe de nervosité, accompagnant les rondeurs albâtres de la jeune fille.

— Combien ? murmure alors l’assassin. Combien me paierais-tu pour ces réponses ? Tu n’es pas ici par simple curiosité, Lady. Autre chose t’a amené ici. Tu te tiens face à moi, assurée sans l’être, ton gardien un peu trop le qui-vive. Craindrais-tu que je brise ma parole et te tue ?
— Pourquoi ne le ferais-tu pas ? Elle ne te fait pas un peu chier, non ?

L’ombre noire s’était logée sur sa nuque, offrait ses anthracites aux blancheurs de la princesse. La provoquait. Regard glacial soudainement orné de bleu que Neptune lui impose sans une seule hésitation, affinée par une ferveur nouvelle ; une violence brusque dans le creux de ses cils, qui demeure sur son visage une seconde ou deux avant qu’un sourire amusé ne torde à nouveau ses lèvres. Elle peut se défendre, l’ignore-t-il ? Elle n’est pas si innocente, ne l’a-t-il pas encore compris ? Légèrement agacée d’être pensée si fragile, elle retrouve son rôle après quelques instants – sa nuque s’incline sous le poids de lourdes couronnes – alors qu’Elypse se meut à ses pieds, se redressant sur ses pattes déliées. Crachant quelques flammes orangées à la faveur de la nuit. Dardant un regard encore plus glacial que le sien sur l’acrobate vêtu d’ébène.

Essaie simplement de la toucher, rétorque la louve d’un ton dangereux, et j’arrache les yeux de ton gardien un à un pendant qu’il est encore vivant. Et je les lui fais bouffer. Avec de la sauce pour que ça passe mieux.
Shhh, murmure doucement Neptune, ses lèvres couleur lilas tordant un sourire amusé.

La jeune femme dénoue un instant sa chevelure claire alors que ses mains s’accrochent dans le pelage de la louve dans un geste apaisant. Apaisé, espère-t-elle, mais légèrement enfantin. Elle avait piqué son sourire, la colombe, avait déposé des pétales sur le creux de ses lèvres pour dissimuler ses propres doutes. Pour conserver le sang froid de sa louve. Alors que Neptune calmait légèrement Elypse, l’assassin s’était redressé, avait délaissé son gardien pour glisser rubis et anthracites jusqu’à elle. Puis s’était fendu d’une révérence gracile et d’un long monologue qu’elle écoute sans broncher, les coudes appuyés sur ses genoux :

— Pardonne la rudesse Lady. Moorhair ne m’intéressait guère, quelque chose clochait et il semblerait que j’avais vu juste. Ma personne, théâtrale ? Je ne vois guère ce que vous sous-entendez, ma chère ! Il vous tarde ainsi de voir ma collection de masques ? Voilà qui est plaisant et embarrassant ! Pour cela il faudrait que vous me suiviez, Princesse. Néanmoins votre vie n’est plus garantie. Tout autour de nous est un immense jeu, il serait dommage de ne pas y participer. Les masques sont d’autant plus accessoires que le sont chaque visages et expressions. A être tous pareils, le monde ne serait-il pas ennuyeux, Lady ?

Il joue, encore.
Change masque et visage. Rôles et dramas.
Un soupir fleurit sur les lèvres de la jeune femme, roule sur sa gorge puis ses hanches fines. Il lui propose un jeu, l’acceptera-t-elle ? Ne l’avait-elle pas déjà accepté, à partir du moment où elle avait décidé de le traquer ? Elle hésite, partagée entre deux émotions contradictoires ; l’envie de le comprendre, de se saisir de quelque chose qui — pour une fois – lui échappe ; et la prudence, toujours modérée par cette même pensée sourde : s’il veut la tuer, il le pourrait. Ici, comme dans son palais. Peu importe ses pièces d’or ou ses demandes, peu importe cette grâce naturelle qui fleurit sur sa peau par petites touches, en éclat d’agapanthe : il la tuerait.
Il n’est pas plus dangereux pour elle d’être ici que d’être ailleurs, après tout, se murmure-t-elle soudain.
Alors, à son tour, elle choisit de jouer.
De s’ouvrir.

— Mais les visages trahissent à ceux qui savent observer, alors que les masques demeurent fidèles lorsqu’ils sont brisés, murmure-t-elle instinctivement d’une voix douce. C’est bien pour ça que nous en portons tous, ennui ou pas.

Elle-même conservait le sien dans une faille rodée par l’habitude. Innocente et lunaire. Lentement, l’enfant se redresse, appuie ses doigts sur l’ébène pour se pencher vers l’avant. Délaisse un instant le pelage d’Elypse, puis élance paupières fragiles et regard froid jusqu’au caucasien ; se laissait un instant à fleurir, dans cette situation aussi étrange qu’ambiguë.

— Ma vie n’a jamais été garantie, reprend-t-elle alors. Que je sois près de toi, ou dans mon coffre-fort. Tu es le premier à avoir pénétré dans ma chambre et je ne doute pas que tu serais capable de le refaire. Voilà pourquoi j’ai fait la folie de te suivre. Je ne suis pas plus en danger ici que je ne le serais à te fuir. Tu hésites, n’est-ce pas ? Je t’ai vu hésiter la première fois, et là encore tu hésites. Qu’est-ce qui t’empêche de me tuer ?
— Le fait que je menace d’arracher les yeux de son gardien, marmonne Elypse. J’aurais bien arraché son cœur mais je suis quasiment certaine qu’il n’en a aucun.

Un rire s’arrondit dans la gorge de Neptune, valse autour de sa nuque ; elle le saisit délicatement, le porte jusqu’à la lune, posant une nouvelle fois sa main frêle sur la nuque de la louve. Sans jamais quitter le regard de l’assassin. Saphir et anthracite. Dominants. Dominés.

Alors le poids de la décision tombe dans sa gorge, se transforme lentement en lettres, puis en mots ;
Elle le suivra.
Elle est venue pour ça, après tout.

Alors la jeune femme se tire vers l’arrière, se tend avec souplesse pour ramener ses jambes sur la caisse, puis s’accroupir ; ses doigts écartés laissant l’ébène pourrir sous ses paumes, alors qu’elle ajoute d’une voix grave :

— Mais soit, je te suivrais dans ton jeu, puisqu’après tout j’ai demandé à voir derrière tes masques. Prends juste garde : ce n’est pas parce que tu joues que tu es maître, et non juste un des pions…

Et, dans son dos, une alouette se déplie.

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Did I kill anyone? || ft. Nepty ♥, par Invité ► 29/6/2018, 18:51 ►

   
“The symbolic language of the crucifixion is the death of the old paradigm; resurrection is a leap into a whole new way of thinking.”
Music

C h r y s a n t h è m e s .
Ils fleurissent sur ses lèvres,
Tenus entre ses dents opales,
Dansent au gré des vents.
Dispersent leurs pétales flavescents dans la nuit.

Anathema sourit,
Se rit de la louve écarlate qui le menace lui et son frère. Lui renvoie un sourire affable, ses doigts blêmes parcourant sa gorge - comme s’il cherchait lui-même à s’étouffer - ; curieux d’un souffle pris dans ses cordes vocales. Elle grogne, se fait protectrice et mère. L’interpelle ouvertement. Et lui, lui, fait fi. Lui rit innocemment au nez. Laisse Anatemnein prendre le relais. Le gardien n’avait point bougé, conservant ses appuis auprès de l’assassin, toutes dents blanches visibles, chrysanthèmes entre les griffes. Il fleurit les dalles, décore les esprits, être éthéré et volage. Finit par se moquer ouvertement de la louve, rire strident à ses oreilles - échos goguenards et irritants, tracés par touches entre les lippes de la créature - ; affichant une moue tordue et tordante, de son point de vue perturbé.

Il le laisse agir,
L’oublie un instant,
Se centre sur le Saphir qui le toise toujours, dont les éclats se reflètent au vent, cheveux libérés. Poésie. Elle a toute son attention, il a toute la sienne. Ils se renvoient. Se dessinent mutuellement, échangent leurs pinceaux abîmés, parfois couverts de charbon, parfois de sel. Poudre lunaire irréelle, rehaussant cette scène singulière prise dans le nul part du temps. Il la détaille lentement, glisse ses vaironnes sur ses courbes, se l’approprie. De Saphir, la voici Reine. Digne Reine, dans le contrôle. Pesant ses mots, calculant ses gestes. Elle n’est pas innocente. Si ce n’est que d’image. Un masque trompeur. Ironie d’une âme curieuse des siens? Il se le demandait sincèrement. Alors ses mains s’emparaient des plumes de son masque, tiraient doucement dessus, se séparant d’impuretés imaginaires. D’esprit. Il faisait le tri, commençait doucement à s’octroyer l’espace d’une voix chantante.

Entonnant mélodies et comptines,
Sans queues ni têtes,
Dissonantes et dénudées,
Comme il était.

Miroirs et éclats.

Ils s’envolent,
propulsés dans l’atmosphère tombante, quand elle s’élève. Fait de son coeur d’espace le sien. La gemme azure reprend la parole, délie sa langue et tisse les mots. Lui sert un manuscrit précieux, où se côtoient réponses et interrogations. Saisit sa main pour une nouvelle valse. Alors il sourit un peu plus, fend ses lèvres d’un sourire ambivalent - envie déguisée ; sentiment avoué - , peint ses lèvres d’incarnat et fumée. Son ombre se range un peu plus contre lui, presque trop proche, liés par beaucoup plus qu’un lien de fraternité. Frisson étrange et dérangeant, parcourant son échine et la sienne. Reine, elle s’impose à lui, se pense à son tour maîtresse de la situation. Royale, elle lui rappelle les règles du jeu, qu’il tord à loisir, les retranscrivant comme il le désire. La louve crache son venin une fois encore, arrachant une moue exagérément inquiète à la tête immaculée, sa main contre sa joue.

« Ouuuuh, j’ai peur du grand méchant loup. ~ »

Un rire plus court, se reculant un peu plus dans la pénombre, ne laissant paraître que les rubis de la créature. Fixes. Omniprésents et transcendants. Le désir non bridé, que de la tuer elle aussi, cette gardienne un peu trop ennuyeuse. Qui ne savait que glapir de colère et orgueil.

« M’arracher les yeux ne changera rien. Faudrait-il déjà que tu y arrives et ça, permets moi de douter. T’as pas autre chose à faire que d’aboyer? Tu veux un os à mâcher pour décolérer, chérie? »

Railleur, il laissait sa voix se perdre en sons lointains, l’anthracite de son frère rivée sur lui. Amusé, il l’était. Le silence reprenait ses droits. Il appréciait ces moments, ponctués entre paroles et silences. Savourait l’absence de son. Brisait celle-ci.

« Les masques sont bien plus amusants que la plupart des êtres autour de nous ma chère. Ils nous indiquent beaucoup de choses, à bon observateur. Ils sont en quelques sortes les lignes cachées de chaque personne. Ah, que j’aime lire ces lignes inavouées. »

Il haussait les épaules, sortait de l’ombre pour se faufiler vers un mur en pierres épaisses et vieillies. Surplombé par quelques câbles électriques, il donnait un accès immédiat sur un toit empli de tôles froissées et fer, où la végétation se battait pour obtenir chaque espace entre les épaisses briques. De là-haut, les beaux quartiers de Majoris étaient facilement percevables. Ainsi que les étranges dessins esquissés par les agencements urbains de la ville. Nature et technologies liées. Ensembles. Main dans la main. Anathema appréciait ces escapades nocturnes, funambule sur un quelconque câble d’acier, suspendu dans les airs du néants. Baigné par les lumières urbaines de la ville, recouvert par les feuilles des arbres serrés en ce fort de roches. Ses mains frôlaient la surface rocailleuse et fraîche, pensives.

« Il est vrai que ta chambre était fort agréable, j’aurais pu y passer ma nuit! Je n’ai guère hésité, Lady. Ce n’était simplement pas le bon moment. Je n’étais pas inspiré. Ce n’était pas ce que je voulais pour toi. Alors oui, disons que, il émit un large sourire enfantin, j’étais en panne d’inspiration! »

Sans un mot ses mains venaient se refermer autour du tuyau en tôle légère, montant avec une agilité déconcertante ses pieds sur les abords métalliques de celui-ci pour étendre aussitôt le bras vers une autre prise ; brique maladroite, sortant de son cadre.

« Puisque tu as choisi de me suivre Lady, que dirais-tu d’ouvrir les festivités par une marche nocturne? Parfois prendre de la hauteur nous permet de mieux percevoir certaines choses. Je ne suis ni maître, ni pion. Peut-être suis-je renard, peut-être suis-je écureuil, ou encore veilleur du haut des cieux. Non, cela est bien trop prétentieux. Je n'aspire pas à des fins aussi dénudées de sens, Princesse. »

Il finissait de se hisser, son gardien grimpant aussi vite à sa suite, scolopendre de fumée aux milles membres dont il était simple d’accorder la cadence. Alors une fois là-haut, Majoris les frappait encore. S’ouvrant à eux, laissant éclore ses trésors sous leurs prunelles. Labyrinthe asphalte parcouru de nervures émeraudes dont certaines fleurissaient des Lys et Chrysanthèmes. Parfois des Chrysanthèmes. Ses bras se déroulaient le long de son corps, attendant que le Saphir se hale à sa hauteur.

Pierres couronnées,
Aux éclats insolites,
Bardées de robes étoilées
Où seules leurs ombres respectives en étaient les gardiennes.
acidbrain
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