Si petit et déjà une voix qui porte.
Nous sommes au tout premier jour de ma vie et je suis déjà une tête de mule, refuse de sortir. Ma mère souffre depuis presque 13 heures, mais non, je m'obstine à rester dans ma position de bouchon et les médecins sont donc obligés de me sortir de force. On me tourne et on me retourne jusqu'à ce que je ne finisse par obéir et me mette dans une position convenable. Nous avons frôlé de peu la césarienne et ma mère est soulagée de savoir que je vais enfin sortir. On pourrait croire que maintenant il n'y a plus qu’à pousser ? Mais non ! Ce n'est pas aussi simple avec moi. Je suis gros. Un fait amusant quand on voit ma corpulence de maintenant, mais les fait sont la, je suis gros et c'est donc difficile de m’expulser. Ma pauvre maman m'a sentie passer et moi, je l'ai sentie aussi puisqu’on m'a déboîté une épaule au passage. Sympa comme naissance non ?
Bon, je pense que je peux vous épargner les insupportables « gouzi gouzi » ou la fausse amabilité des amis de mes parents devant leur petit gobelin. Les premiers pas, les premiers cacas et tout le tralala ne seront pas au goût de mon histoire non plus. Je pense qu'il y a plus enrichissant comme récit non ? Bien que ma vie ne soit pas d'un grand passionnant pour autant. Je vous le dis d'avance… C'est ennuyant à mourir !
J'ai passé mon enfance entre le nez plonger dans les livres ou dans la boue. J'aimais les histoires en tous genre et les autres aimais m'en créé. Je n'étais pas particulièrement bien vu dans les lieux fréquenté par les autres enfants. Ma tendance à toujours dire la vérité leur donnait une bonne excuse pour des bagages en tout genre. Ce qu'ils aimaient faire par-dessus tout, c'était me faire accuser pour leurs bêtises. Je ne leur en tiens pas rigueur, c'était des enfant tout ce qu'il y a de plus banal et ils voyaient en moi un bon souffre douleur.
Arrivés à l’adolescence, les choses n'ont pas vraiment pris une tournure meilleur. En plus d’être le petit bizarre qui disait toujours la vérité, l’attraction en quelque sorte, je commençais à parler de vouloir voir des choses nouvelles et donc aller sur terre. Un utopiste, certains diront, à qui s'était facile de pourrir la vie. Des mots chuchoté à la voler, rigolant dans ma direction, sans jamais que je sache ce qu'il en était. Au fond, qu'est-ce que ça aurais changer que je sache ?
Mes parents voyaient bien que je n’étais pas particulièrement apprécié des autres enfants et que je passais le plus clair de mon temps en compagnie de mes livres. Personnellement je ne m’en pleins pas, mais pour eux ça n’était pas normale. Ils se sont le besoin chevaleresque d’essayer de me sauver, mais comment aider un adolescent ? Surtout, quand il a une grande bouche comme la mienne.
J'ai commencé à étudier pour devenir herboriste, le contacte des plantes m’apportant plus de bien-être que celui de mes camarades. Avez-vous déjà entendu des plantes parler ? Non, me direz vous, car les plantes ne parlent pas ou du moins, c’est ce que tout le monde pense. Moi, je sais qu’elles parlent, que si on les écoute elles communiquent ensemble et je trouve ça fascinant, je pourrais passer des journées à les observer et les écouter.
Je pourrais aussi continuer à vous raconter de choses futiles comme celles-ci jusqu’à demain matin, mais comme je vous l’ai dit ma vie n'est pas palpitante et vous avez certainement, mieux à faire. C'est juste l'histoire d'un mec banal dans un monde banal.
Avant de vous laisser enfin en paix il y a deux dernières choses que je voudrais vous raconter. Elles sont un petit peu moins futile que les autres et on changer pas mal de choses dans mon quotidien.
Le premier évènement marquant, se fut ma jambe. Il y a encore 6 mois, je rêvais de descendre sur terre. Un jour, peut-être que j’aurais pu caresser, se rêve du bout du doigt, mais aujourd’hui, je pense que je peux le classer dans la catégorie des souvenirs.
Je me rendais bien compte que mon rêve, de descendre sur terre était bien loin de la réalité. Mon corps était bien trop faible et mon esprit certainement pas assez préparer alors j’ai décidé, sottement, je vous l’accorde, d’aller m’exercer dans la vallée enchantée. J’ai lu de nombreux livres sur cette vallée, entendue beaucoup d’histoires, mais rien n’y a fait, je me suis rendus là-bas. Au début, on pense que tout va bien, que contrairement aux autres, on s’en sortira sans problèmes. Peut-être même que toutes ces légendes ne sont que des légendes et que rien de tout cela n’est vrai ! On marche d’un bon pas jusqu’au moment ou tout dérape.
Dans mon cas, ce sont les hallucinations qui ont eu raison de moi. Je voyais et suivais des choses qui n’avaient pas de raison d’être. Je marchais dans ce que je croyais être un chemin alors qu’en réalité, je marchais juste vers ce qui fit basculer mon destin. Dans cette vallée, on trouve toute sorte de choses et mes hallucinations me guidèrent vers un espace à la terre meuble et peu rassurante. Je m’avançais donc au milieu d’un dédale de pierres instable et de terre peu solide, certainement des espaces de terre qui ont bougé avec le temps et les passages humains et animalier. Evidemment, Ce qui devait arriver arriva… Le sol s’écroula sous mes pieds.
J’ignore combien de temps, je suis resté inconscient, je me souviens juste que, lorsque j’ai de nouveau ouvert les yeux, ma jambe droite était écrasée sous une énorme pierre. Je me souviens des longues heures qui ont suivis mon réveil. J’ai commencé par hurler, pas que je sentais une quelconque douleur ou quoi que ce soit mais j’avais besoin de hurler, de faire sortir toute cette peur qui s’accumulait dans ma poitrine. J’ai en suite essayé de me dégager tout en me répétant tel un mantra : « Je ne veux pas mourir ici, je ne veux pas mourir ici, je ne veux pas mourir ici … ». Après ma veine lute, j’ai eu froid, si froid… Tout mon corps tremblait comme une feuille, je ne contrôlais plus mes muscles, plus rien ne répondais à mon cerveau. J’eu faim, une faim si forte que mon ventre en devenait douloureux. J’aurais pu manger ma main, je crois. Après ça, j’ai eu sommeil. Je me suis dit que j’allais me poser 5 minutes pour fermer un peu les yeux et plus je fermais les yeux plus j’avais l’impression que je ne pourrais plus les ouvrir. La dernière chose dont je me souviens c'est de voix lointaine et de vagues lumières s'approchant ... puis le noir ...
Je ne saurais certainement jamais qui m’a sauvé de la, ni comment, mais toujours est il que lorsque j’ai ouvert les yeux, j’étais dans la maison du soigneur de la ville. Il me raconta que j’avais disparu pendant presque 48 h. La douleur m’avait gardé éveillé et avais permis à mon cerveau de ne pas commencer à déliré à cause des hallucinations cependant ma jambe n’avais pas pu être sauvé. Lorsque j’ai baissé les yeux pour la première fois sur ma jambe, ce fut un choc. Un vide. Un rien… Plus de la moitié de celle-ci avait disparu… Coupé un peu au-dessus du genou. Je me souviens du choc et de mon corps incontrôlable. J'ai crié, j'ai pleuré, j'ai voulu me levé mais le médecin m'a administré un médicament afin de m'apaiser et de m'endormir de nouveau.
J’ai passé presque 4 mois chez le médecin sans jamais réellement accepter la situation. Les deux premières semaines, il fallait s’assurer que l’amputation cicatrisait bien et tout le long de ces deux semaines, je décrochais à peine quelques mots. Je me repassait encore et encore le moment où j’avais pris la décision de me rendre dans la vallée. Peut-être qu’au fond de moi, j’espérais qu’a force de me répéter la scène celle-ci finirais par changer… Seulement le destin est immuable et ma jambe ne reviendrait pas ..
Les 2 mois et demi suivant servirent à la confection de ma prothèse ainsi qu’a la rééducation de ma jambe. On ne se rend pas compte à quel point, nos jambes sont nos piliers. Tout nous semble si naturel temps qu’on les a et une fois qu’elles disparaissent, on prend conscience. Je tombais souvent pendant la rééducation. Je tombe encore souvent aujourd’hui… Je ne m’habitue pas à ma nouvelle condition, je ne sais pas si je m’y habituerais un jour à vrai dire…
Le deuxième évènement est beaucoup doux que le premier, c’est comme un rayon de soleil qui vient vous caresser la peau après de longues journées de pluie, c’est comme une lumière qui vous tire peu à peu de la douleur et de la peur, elle réchauffe doucement votre poitrine jusqu’à la faire déborder.
Ça s’est passer il y a tout juste un mois. Je me trouvais dans un champ pour la première fois depuis longtemps. Je m’étais enfin décidé à sortir le bout de mon nez pour aller retrouver la compagnie de mes fleurs. J’avais passé près d’une heure à marcher en essayant de faire fi de la douleur que mon moignon provoquais, mais au bout d’un certain temps, elle eue raison de moi et je dus m’asseoir en dessous d’un arbre. Je dessinais les fleurs que j’avais récoltées dans mon carnet de notes lorsqu’un bruit attira mon attention. Je tournais la tête et tombais nez à nez avec ce qui changea tant de choses pour moi. Un jeune homme brun aux yeux d’un bleu comme je n’en avais encore jamais vu. Le vent jouait dans ses cheveux, le soleil filtrais à travers les feuilles et lui donnait un air de personnage tout droit sortis de l’un de ces personnages que j’ai tant passé de temps à lire dans mes livres…
Lune …
Comment expliquer ce que ton corps considère comme une évidence ? Comment rationaliser la douce alchimie qui se crée entre deux êtres ?
Pour moi, Lune fut comme une gorgée d’eau après une longue marche à travers le désert, il me fit rire, il provoqua en moi une tendresse insoupçonnée, une douceur cachée, mais surtout… Dans ces yeux, j’avais le sentiment d’être beau malgré mon corps meurtri. Nous avons passé un moment ensemble avant que lui et son père ne repartent. À chaque fois qu’il part, je compte les jours jusqu’à son prochain retour. Lorsqu’il est la, je savoure chaque seconde avant que me le retire une fois de plus …
Il est mon ami, mon amant, j’ai encore tellement de choses à découvrir de lui et si peu de temps à chaque fois …
Et nous y voilà. C'est la fin, tout le monde descend. Nous avons fait le tour de ma vie. Ne m'en demandez pas plus je ne vous en dirais pas plus. J’espère que vous avez apprécié votre voyage dans ma vie et dans tout ce qui fait de moi qui je suis aujourd’hui.
- Noa est, comme vous l’aurez compris unijambiste. Il s’est fait amputé un peu au dessus du genoux, il s’en remet tranquillement. Il perd donc régulièrement l’équilibre pour l’instant, il fatigue vite et éprouve souvent des douleurs fantôme.
- Noa est phobique des papillons, il ne les supporte mais que de très loin.
- Noa peut être capricieux lorsqu’il a une idée enfoncé dans le crâne.