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« Il y a bien longtemps avant même que les gens n'habitent dans le ciel. Une guerre terrible éclata entre les hommes et une Déesse malfaisante. Après des combats sanglants, nos ancêtres aidés de Dieu scellèrent le pouvoir de cette Calamité. Puis quittèrent la terre souillée et stérile pour construire leur avenir dans le Ciel. »
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{ S'il faut ôter son chapeau [Laran & Selden]
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S'il faut ôter son chapeau [Laran & Selden], par Invité ► 24/4/2018, 20:50 ►
Selden n'était pas à l'aise dans ses vêtements. Depuis combien de temps ne s'était-il pas habillé comme tout le monde ? Il n'en avait aucune idée, mais il savait que ce laps de temps avait été suffisant pour qu'il en perde l'habitude. Couleurs, franges, foulards. Extravagance, brillance, visibilité. Tout cela, ses attifements de marin exubérant, lui manquait, mais il devrait pourtant s'en accommoder jusqu'à la fin de la journée. Le pire supplice pour lui était de ne pas porter de chapeau. Il y était tellement habitué qu'il avait toujours la sensation d'en avoir un sur le crâne. En moins d'une heure il avait dû porter une quarantaine de fois sa main à sa tête, pensant y trouver l'un de ses fidèles couvre-chefs à réajuster. En lieu et place de quoi il n'avait réussit qu'à se décoiffer, ses doigts rencontrant sa tignasse blonde aujourd'hui mise à nue. A découvert. Sans protection.
    Il n'était pas non plus à l'aise dans ce quartier de la capitale. D'une manière générale il n'aimait pas tellement venir à Majoris. Cette ville était grouillante de monde, de bruit, de poussière rendant le ciel constamment gris, l'air toujours irrespirable. Il préférait de loin le grand air, la bise perpétuelle balayant le lac d'Aegir, ou les rafales chaudes d'Eriu. Même en plein hiver à Falias il se serait senti mieux. Or, il lui semblait qu'Hogon était le pire quartier de la ville, le plus éloigné de ses besoins de grand air, bien que n'importe quel autre quartier lui eut certainement apporté le même sentiment en ce jour.

    Mais que serait-il sans Majoris et ses habitants ? Probablement rien de plus qu'un revendeur de poissons. Il devait beaucoup à ces gens qui n'hésitaient pas un seul instant pour s'arracher ce qu'il avait à y vendre. Du vin, des étoffes de laine ou de lin, des fourrures...
    Il vit une jeune femme passer devant lui. Elle semblait plus aisée que la plupart des autres passants, et arborait une cape de voyage bordée de fourrure. L’œil expert du marchand ne lui permit pas de se tromper : il s'agissait de l'une de celles qu'il était venu vendre ici il y a quelques semaines de cela. Combien cette seule cape lui avait-elle rapportée ? Une centaine de Caeli, sinon deux. Et ce n'était là que l'une des premières sommes d'une longue liste de chiffres qui couvrirait d'ici quelques années des pages et des pages de livres de comptes. Aller négocier un accord commercial à Falias avait vraiment été l'une des meilleures idées qu'il n'ait jamais eues. Il s'en réjouissait un peu plus chaque jour en voyant ce que cela lui rapportait déjà.
    Mais ce qu'il s'apprêtait à mettre en marche aujourd'hui surpasserait très probablement ce bel accord commercial...

    Selden avait horreur de laisser son argent dormir. L'appât du gain était trop fort. Il voulait toujours plus, toujours plus vite, et n'avait de cesse que de trouver de nouveaux investissements à effectuer.
    Dans le cas présent il s'était forcé à se montrer patient. Il avait du lutter pour ne pas dépenser la fortune mise de côté dans une autre entreprise, mais cela vaudrait certainement le coup. Depuis des mois il économisait afin d'être certain d'avoir une somme suffisamment importante pour parvenir à ses fins. Le risque était gros, immense même, et tout se jouerait certainement aujourd'hui, dans cette ville qu'il n'aimait pas.
    Mais, si Majoris et ses citadins avaient grandement participé à construire la fortune de l'Idyen, il devait avant tout son ascension fulgurante à son goût du risque. Il prévoyait au mieux chacune de ses actions, bien entendu, mais il laissait toujours une part d'imprévu dans ses projets. Il lui fallait savoir qu'une once au moins d'inconnu persistait pour pouvoir pleinement s'investir dans ses projets.
    Et en l’occurrence ce n'était pas d'une once dont il était question. Moult évènements pourraient le faire chuter s'il n'y prenait pas garde. Mais comment se garder d'autant d'aléas auxquels on n'a pas pu penser avant ?
    Restait alors le flair, l'intuition et la ruse : autant d'attributs qui faisaient partie de la personnalité du marchand. Cela, et une préparation rigoureuse effectuée avec les maigres éléments dont il disposait. C'était bien peu mais cela pourrait suffire. Non : cela suffirait, il le fallait. Il allait mettre en marche aujourd'hui la réalisation de son plus grand rêve. L'échec n'était même pas envisageable. Il était prêt à tout pour parvenir à ses fins.

    Depuis une heure donc, il attendait, assis sur un banc à l'entrée d'un square dont la frêle végétation peinait à faire oublier l'agitation de la ville qui le ceinturait. Il était arrivé en avance, comme à son habitude. C'est une façon de montrer son sérieux, mais aussi de laisser penser qu'il prenait les devants.
     Seulement, aujourd'hui, il était arrivé bien trop tôt. Il n'en pouvait plus d'attendre et se désespérait de voir un jour arriver celle qu'il devait rencontrer, pour qu'enfin ils puissent se diriger vers un lieu plus calme, plus discret.
    Il s'était tenu au code vestimentaire convenu lors de la préparation de leur rencontre. Un pantalon noir, banal, une chemise gris clair, presque blanche, un pendentif discret, et un sac de cuir en bandoulière. Il savait que l'exploratrice en chef porterait elle aussi sa tenue préétablie, et pourtant il scrutait la moindre femme qui passait devant lui, tentant de croiser leurs regards pour y lire, peut-être, que l'une d'elles le reconnaitrait comme étant celui qu'elle devait rencontrer en ce jour.
    Et il attendit, encore et encore, sachant très bien que Laran Nokomis n'était pas encore en retard, mais sans pour autant pouvoir à s'empêcher d'éprouver de l'impatience. Il se levait pour faire les cent pas avant de se rasseoir sur son banc un instant, puis de se lever à nouveau.
    Il lui faudrait mieux masquer ses sentiments s'il voulait pouvoir jauger sa future interlocutrice avant qu'elle ne parvienne à définir qui il était, lui. Après moult efforts il parvint à retrouver son masque habituel, celui qu'il arborait en temps normal naturellement.
    Son calme retrouvé, il balaya le square et ses alentours avec un regard décidé.

    Elle était là, enfin, à quelques mètres de lui, cherchant elle aussi à le repérer. La partie allait pouvoir commencer...
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S'il faut ôter son chapeau [Laran & Selden], par Invité ► 26/4/2018, 23:03 ►
ft. Selden
en garde

« Peut-être que c'était une mauvaise idée. »
« Comme toutes tes idées en fait. »

Laran mit une petite bourrade amicale dans l'épaule de Lala qui ricana avant de se consacrer à se frayer un chemin dans la foule. Laran l'imita, un brin soucieuse. Elle commençait vraiment à douter de sa décision. Au début de leur correspondance avec ce fameux marchand, son enthousiasme avait pris le pas sur sa raison. L'opportunité présentée lui semblait merveilleuse ; pour une fois, elle n'aurait pas à se reposer sur tonton pour véritablement organiser les explorations. Elle comptait plonger ses deux mains dans le cambouis, démontrant ainsi que son rang de chef des explorateurs n'était pas qu'un titre honorifique. Véritable actrice dans la négociation, enfin.

Toutefois, la perspective alléchante de faire ses preuves, moteur de sa décision, commençait petit à petit à s'évaporer plus l'heure approchait. Et si elle n'était pas taillée pour ce type d'échange ? Et si elle tombait dans un piège ? Et si elle compromettait toutes les explorations en ruinant leur organisation avec une décision hasardeuse ? Beaucoup trop d'inconnus dans la balance. A cet instant, Laran se serait sentie dix fois plus à l'aise dans une prairie remplie de monstres dangereux que dans les ruelles agitées d'Hogon.

Haut les coeurs dirait Lala. Hier, la Gardienne s'était appliquée à comparer l'art du marchandage à un combat acharné pour que Laran intègre plus facilement la leçon. Elle n'avait beau pas être experte dans le domaine non plus, la rousse disposait d'une ruse suffisante pour appréhender grossièrement les rouages cet art subtil. Plus difficile pour Laran dont la pureté, voire l'innocence, pouvait nuire au bon déroulé du processus. Il ne fallait pas que la mage se fasse dévorer à cause de son inexpérience, risque qui inquiétait Lala. Ce Selden ne lui inspirait pas grand chose pour l'heure. Il disposait certes d'une petite renommée dans le milieu. Néanmoins, puisque le duo n'était que peu intéressé par l'économie, matière particulièrement abstraite pour leur équipe davantage taillée pour l'action, elle n'avait eu que quelques vagues échos sur sa personne. Laran restait sur un a priori neutre aussi.

Les détails sur le lieu de rendez-vous, la façon de s'habiller et autres subtilités lui paraissaient parfaitement superflues, digne d'un conte d'espionnage, mais soit. Il avait l'air plus rompu à l'exercice, raison pour laquelle elle lui faisait confiance sur les modalités de leur rencontre.

Habillée simplement d'une robe vaporeuse noire longueur genoux et manches trois quarts, toute en fluidité, Laran n'avait pu se résoudre à se séparer de sa traditionnelle cape de voyage rouge. Élimée vers le bas, effilochée même, cette pauvre cape l'avait accompagnée dans bien des aventures au travers de tout Caelum. Bientôt, elle découvrirait même la Terre. Au moins, elle avait été persuadée que Selden la repérerait de loin avec cet accessoire lorsqu'elle l'avait annoncé dans la lettre. Pour tout vous avouer, elle avait passé une heure à débattre avec Lala pour déterminer une tenue convenable. Quelque chose capable de lui donner un aspect sérieux, mais décontracté pour coller à son image, tout en restant un poil féminin sans faire trop enfant ni trop adulte. Un vrai casse-tête.

La première impression se baserait sur le physique après tout, et Laran voulait marquer des points tout de suite. Raison pour laquelle d'ailleurs, elle avait choisi de conserver sa cape ; elle ne désirait pas s'enfermer dans une apparence tirée à quatre épingles éloignée de la réalité. Elle voulait se montrer en tant que femme de terrain, baroudeuse, qui ne se prenait pas la tête sans verser dans la désinvolture. Bref, plus facile à théoriser qu'à mettre en pratique. Les essayages avaient été longs. Très longs. Sans parler de la toilette du matin sur la manière de se coiffer et de se maquiller. Toutes ces hésitations n'avaient fait que la renforcer dans son jugement : elle n'était vraiment pas faite pour ce genre de chose. Voyager, manier sa grande faux, affronter milles dangers lui semblaient tellement plus simples.

« Tout va bien se passer. Il va forcément tomber sous le charme de ton joli minois. Contente-toi d'être toi-même, souris, sois agréable. Je m'occupe de l'air patibulaire. »
« Ce rôle te va tellement bien, je te le laisse. »

Elles discutèrent joyeusement sur ce sujet en traçant leur chemin dans la foule jusqu'à ce que la mage se taise brusquement. Le square se dessinait petit à petit dans son champ de vision. Son cœur s'emballa. Grande inspiration. Dernier regard complice avec Lala.

« En garde. » souffla la Gardienne en poussant gentiment Laran vers l'avant.

Celle-ci s'engagea dans le square, rassurée par la métaphore martiale, aptitude qui entrait dans son champ de compétence. En quelques regards, elle identifia un homme assis. qui correspondait en tout point au code convenu. Pantalon noir, chemisier gris, cheveux blonds. Yep, pas de doute, c'était lui. L'exploratrice s'approcha de lui. Elle avait cinq minutes d'avance, mais elle n'allait tourner en rond pour le plaisir alors qu'elle l'avait identifié. Arrivée en face, Lala flottant à ses côtés à sa hauteur, elle tendit la main amicalement, un grand sourire franc illuminant son visage.

« M. Vestrit ? Bonjour, je me présente : Laran Nokomis, exploratrice en chef. Et voici ma Gardienne, Lala. »

Lala offrit un sourire beaucoup moins sincère de son côté à l'évocation de son prénom, un brin malicieux.

« Bonjour. » ajouta-t-elle sobrement.

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S'il faut ôter son chapeau [Laran & Selden], par Invité ► 5/5/2018, 21:37 ►
Cette grande cape rouge était bien trop tape-à-l’œil aux yeux du marchand.
    Quand il s'était renseigné au sujet de Laran Nokomis, la première information sérieuse qu'il avait trouvée était qu'elle portait toujours la même cape rouge. Aussi tous ceux qui la connaissaient, de près ou de loin, la reconnaitraient sans faute s'ils venaient à la croiser. Il leur faudrait donc rapidement se mettre à l'abri des regards avant que quelque membre de la sphère dirigeante ne la remarque et ne commence à s'interroger au sujet de l'homme qu'elle venait rencontrer ici.
    Selden était connu lui aussi. Certes il ne portait pas de chapeau susceptible de crier haut et fort son identité mais, s'il jouait de malchance, un observateur attentif pourrait reconnaitre son visage. Il ne restait donc plus qu'à espérer que la foule qui les entourait suffise à les noyer dans la masse.

     De prime abord donc, l'exploratrice en chef ne respirait pas la prudence. Avait-elle conscience de la dangerosité de leur entrevue ? L'idyen en doutait. De ce qu'il savait d'elle, elle n'était pas rompue à l'exercice de la négociation et il y avait bien peu de chances qu'elle connaisse quoi que ce soit au sujet du monde de la finance ou de l'économie. La politique ne l'intéressait apparemment pas beaucoup plus. D'après les informations dont il disposait, elle devait sa place à ses relations familiales. Elle n'avait donc pas eut à jouer des coudes pour traverser le capharnaüm des instances dirigeantes, ce qui menait Selden à penser qu'elle n'avait aucune idée de ce qui l'attendait.
    Savait-elle qu'ils s'apprêtaient à doubler le gouvernement ? A lui couper l'herbe sous le pied ? Cela n'avait rien d'illégal, mais pourrait tout de même leur causer de gros problèmes si d'aventure ils se faisaient pincer.
    Jusqu'à ce jour Selden s'était tenu aussi éloigné que possible des gouvernants de Majoris, heureux d'être ignoré d'eux et de faire semblant de les ignorer. Il prenait un risque énorme en s'affairant à court-circuiter les finances de la capitale. S'il n'était pas assez prudent, s'il poussait Majoris à le remarquer, il pourrait tout perdre. Certes il avait prit soin de supprimer toute preuve l'impliquant dans le commerce illicite mais cela ne suffisait pas à le protéger. Si le gouvernement en venait à décider qu'il ne voulait plus entendre parler de Selden Vestrit, il aurait vite fait de trouver des alliés pour participer à cet assassinat commercial.

    Mais le statut de "débutante" de l'exploratrice dans les domaines qui l'intéresseraient aujourd'hui conférait un avantage certain au marchand. En faisant face à une novice, il pourrait plus facilement l'amener dans la direction que lui souhaitait. Il n'aurait certainement pas besoin de batailler pour parvenir à ses fins.
    De toute manière, il ne s'agissait que d'investir de l'argent, chose on ne peut plus banale  pour un homme tel que lui. L'originalité de cet investissement tenait pour ainsi dire en un seul point : aucune source privée n'avait encore financé les explorations. Cela impliquait une multitude d'éléments adjacents, tous aussi dangereux les uns que les autres.
    Selden s'était donc promit de ne pas ruser pour mener à bien cette affaire. Il jouerait carte sur table. Franchise, honnêteté, détermination. Un seul de ces trois points lui était familier. Il nagerait donc en eau trouble, du moins au début. Mais si le gouvernement venait à avoir vent de tout cela, mieux valait être irréprochable...

    Il ne pouvait pas se permettre de laisser paraitre son trouble et ses doutes. Il lui fallait se montrer absolument sûr de lui, et cacher ses tourments derrière un sourire de pure façade, quasi eccédentésiaste. Et ce masque devait également transparaitre dans le son de sa voix, ne laissant ainsi entendre qu'un ton déterminé et sincère. Tendant la main à l'exploratrice, il répondit à ses salutations :
    - Heureux de vous rencontrer, madame. De même que votre gardienne. J'ose espérer que vous n'avez pas eût trop de mal à me trouver parmi tous ces gens...
    Mais si vous le voulez bien, passons de suite aux choses sérieuses. Non ne pouvons pas rester ici, dans ce square rempli d'orties, pour parler de ce qui nous intéresse et de ce qui est l'origine de notre rencontre. Avez-vous pensé à un lieu où nous puissions échanger en toute liberté ? Si tel est le cas, je vous y suivrait. Sinon je puis vous guider jusqu'à l'arrière boutique de l'un de mes revendeurs, ici, à Hogon.
    Dites-moi donc : où allons-nous ?
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S'il faut ôter son chapeau [Laran & Selden], par Invité ► 13/5/2018, 22:26 ►
ft. Selden
scénario catastrophe

Première impression : neutre, sympathique, sans aucune animosité. On ne relèvera pas le fait qu'il l'ait appelée « madame », quand bien même l'expression donna l'impression à la demoiselle de prendre trente ans comme par enchantement. Non. Nous n'en parlerons plus. Jamais.

Lors de leur poignée de main, Laran tenta de déceler un indice quelconque quant à la personnalité de son interlocuteur. Une poigne franche, forte, molle, hésitante. Tous ces indices auraient pu la mettre sur la voie pour comprendre quel type d'individu était ce Selden Vestrit et, surtout, quelles étaient ses véritables intentions. Le bref contact ne lui permit pas cependant de se faire une idée, même vague. Au contraire. M. Vestrit lui donna le sentiment d'être indéchiffrable. Normal pour un marchand talentueux. Sourire, sincérité, fermeté, autant de composant qu'il se devait d'afficher, qu'ils soient vrais ou non. En l'occurrence, Laran devait admettre que cette attitude la rassurait. Elle renvoyait l'image d'un homme savait ce qu'il faisait. Tant mieux. Vu qu'elle n'avait aucune idée de son côté de ce qu'elle fichait ici, heureusement que M. Vestrit compensait.

Mais il ne devait pas trop compenser. Se reposer entièrement sur son expérience aurait été une erreur grossière ; Laran ne comptait pas entrer dans le rôle du béni oui oui de service au prétexte qu'elle ne maitrisait pas parfaitement l'exercice auquel elle allait être confrontée. Tant qu'elle n'avait pas cerné les motivations du marchand avec précision, elle ne pouvait pas se permettre de lui accorder une confiance aveugle. Sûrement espérait-il se faire de l'argent, d'une manière ou d'une autre. Le financement qu'il proposait gracieusement à leur troupe ne serait pas gratuit, évidemment. L'exploratrice en chef le pressentait avec certitude. Un mécène désintéressé, seulement avide de connaissances, aurait été un cadeau béni des dieux, mais elle doutait sincèrement que M.Vestrit l'ait contacté dans ce but. Plus qu'à voir à quel sauce il comptait la manger.
 
« Oh, non, la description que vous m'aviez donnée était très précise et fidèle. Je vous en remercie. »

Dernière phase des politesses. Et puis, elle qui craignait galérer à dénicher son interlocuteur parmi la foule se devait d'admettre que les précisions du professionnel avaient été d'une grande utilité. Elle s'attendait presque à davantage tourner jusqu'à le trouver. Pure formalité anodine, certes, mais Laran appréciait sa minutie qui lui avait simplifié l'existence. Finalement, peut-être que les démarches qui lui avaient semblé tellement superflues dans leur échanges s'avéraient salutaires. Visiblement, ils n'avaient pas terminé avec l'étiquette. Lorsqu'il lui annonça qu'il leur fallait migrer vers un nouveau lieu pour converser, Laran grimaça légèrement. Suspect.

Pourquoi voulait-il la conduire dans un endroit à l'écart, plutôt que de rester au beau milieu de la foule ? Bon, elle avait bien une petite idée, évidemment ; il voulait probablement un lieu où ils pourraient converser en paix sans risquer la présence d'oreilles indiscrètes. Mais la conduite restait louche. Quand elle échangea un regard avec Lala, celle-ci se contenta d'une moue en guise de réponse. Pour la forme, il lui proposait de choisir. Toutefois, puisqu'elle n'avait aucune attache dans le quartier, l'alternative relevait de la simple convenance. Alors que de son côté, il avait un endroit spécifique à lui proposer, lieu qui lui appartenait de surcroît. Bizarre comme ce soudain imprévu sentait le traquenard. Arrivée dans l'arrière boutique, une dizaine de types, des armoires à glace sans foi ni loi, les attendrait de pied ferme. Adieu l'exploratrice en chef. Ou, scénario le plus lucratif, rançon à tonton en échange de sa nièce chérie. Si Laran n'y connaissait pas grand chose en relations commerciales, les dangers concrets du monde extérieur n'avaient aucun secret. S'il espérait l'avoir de la sorte, il la sous-estimait grandement. Nouvel échange de regards avec Lala.

« Va pour l'arrière boutique alors. Je vous suis ! »

Pour l'instant, il valait mieux jouer son jeu tout en conservant sa méfiance, sait-on jamais, il était peut-être sincère. De toute façon, il ne pouvait pas être aussi stupide au point de tenter le diable ou alors, il allait amèrement le regretter, surtout quand Lala se fâcherait. Avec la notoriété du marchand, Laran osait espérer qu'il ne lui avait pas concocté un piège aussi primitif. Sinon ... Eh bien, Laran gardait une lame dans une poche dissimulée à intérieure de sa cape, raison pour laquelle elle adorait son accessoire si utile. Il ne fallait qu'une fraction de seconde à Lala pour l'extirper par la pensée. Se faire rouler en passant un mauvais deal, fort probable. Se faire entraîner comme un bleu dans un terrain hostile, beaucoup moins. Bref, la méfiance était de mise tant que leur entrevue n'avait pas officiellement débuté dans un endroit sûr. En attendant, elle lui emboîta le pas.

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S'il faut ôter son chapeau [Laran & Selden], par Invité ► 22/5/2018, 19:21 ►

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S'il faut ôter son chapeau [Laran & Selden]

    Il était stupéfait mais se garda bien de le montrer, continuant d'afficher son air sérieux et sûr de lui. Comment avait-elle pu accepter aussi facilement d'aller là où Selden le voulait ? Était-elle totalement inconsciente, où simplement décontenancée par la proposition ? L'avenir le dirait mais la balance penchait déjà d'un côté : celui de l'amateurisme. Le reste de la négociation serait-il aussi simple à mener ? Rien n'était moins sûr. Ces doutes, Selden les nourrissait parce qu'il était méfiant, non pas vis-à-vis de l'exploratrice en chef, mais bien de sa gardienne.
    Il avait vu naître en lui un étrange pressentiment à son égard et son instinct lui disait que ce serait très probablement elle qui lui donnerait le plus de fil à retordre. Faudrait-il l'inclure dès le début dans la conversation ou plutôt tenter de l'en exclure ? La deuxième option semblait dangereuse. Du peu qu'il savait des gardiens, les laisser de côté avait de grandes chances de les irriter, mais il ne pouvait pas non plus lui laisser prendre trop d'importance quant au rôle qu'elle jouerait au cours de cet après-midi. Vigilance et souci de l'équilibre seraient donc de mise.

    Mais Selden débutait cette opération en position de force. Il le savait et elles le savaient certainement aussi. C'était lui qui connaissait le monde de la finance comme sa poche, lui qui avait l'argent, quelque chose à leur offrir, lui qui avait une vision parfaite de la trame de la sphère politique de Caelum.
    Et lui qui avait emporté, de la part de l'exploratrice, une première concession. Ils allaient jouer chez lui, dans un lieu qui lui appartenait, et cela pourrait influencer nombre de choses. Et cela commencerait pas une démonstration de l'étendue de la fortune de l'Idyen.

    Le lieu en question était situé à deux rues du square où ils s'étaient rencontrés. Après avoir invité la mage et sa gardienne à le suivre, Selden ouvrit la marche et ne prononça pas un mot de plus avant de se trouver devant le bâtiment en question.
    - Nous y sommes.
    Devant eux, la façade de l'immeuble de cinq étages masquait le soleil. Toutes les pierres qui la composaient était sculptées de bas reliefs, et une enseigne tape-à-l’œil surplombait le tout : GRANDES GALERIES DE MAJORIS. Le bâtiment faisait l'angle entre une ruelle et une avenue bien plus large. Il surpassait tous ceux qui se trouvaient alentours, tant par sa largeur que par sa hauteur.

    D'un geste de la main il invita ses deux compagnes du jour à entrer, non par la grande porte, mais par une autre, plus petite et bien plus discrète, située au bout du bâtiment, dans la petite ruelle. De là, ils durent tous trois gravir de nombreuses marches, sans croiser personne, avant d'arriver au dernier étage qui abritait l'immense restaurant des galeries. Sur ordre de Selden, le restaurant avait fermé ses portes, laissant une immense salle vide à sa disposition. Ce n'était pas vraiment l'arrière boutique de l'un de ses revendeurs, mais cela en ferait office. Selden, n'ayant pas voulut trop en dire quelques secondes après leur rencontre, avait considéré cela comme une petite imprécision, non comme un mensonge, et il espérait que personne ne lui en tiendrait rigueur.
    Il prit soin de trouver la table la mieux située, proche des fenêtres d'où l'on pouvait admirer Hogon sans qu'aucun obstacle ou presque, ne vienne briser la vue sur les rues animées du quartier, tira deux chaises pour que ses invitées puissent s'asseoir, avant de faire de même.
    - Bien nous y sommes ! Désirez-vous quoi que ce soit avant que nous ne commencions à discuter de ce qui nous intéresse ? De quoi manger ou vous rafraichir peut-être ?

    Il fallait les mettre à l'aise, et les mettre en confiance également. L'inconfort pouvait bloquer bon nombre de gens dans une telle situation, et tous les points étaient bon à prendre avant d'attaquer et d'entrer dans le vif du sujet...


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